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Préambule

Depuis près de quarante ans, les politiques culturelles se sont développées en France.
D’abord à l’initiative de l’Etat qui a créé le Ministère des Affaires Culturelles. André Malraux, qui en fut le premier titulaire, a défini les valeurs et les objectifs qui encore aujourd’hui, constituent le socle de pensée des politiques culturelles.
Les villes ont ensuite initié leurs propres activités, en complémentarité avec l’action de l’Etat et la F.N.C.C. peut s’enorgueillir d’en avoir sans cesse encouragé le développement.
Depuis quelques années, et à des degrés divers, les départements et les régions les ont rejointes. L’affirmation de cette responsabilité publique et sa mise en oeuvre ont progressivement construit une spécificité française, exemplaire à bien des égards, qui permet à notre pays de promouvoir, dans les négociations internationales, un discours fort et écouté.

A la vieille conception de la culture supplément d’âme, s’est progressivement substituée, grâce à l’action continue et structurée des collectivités et de l’Etat, l’idée que la culture, dans la diversité de ses manifestations et de ses pratiques, est nécessaire à la propre construction et à la vie de chaque individualité, qu’elle favorise l’épanouissement de chaque être humain. La F.N.C.C. ne peut que se satisfaire d’une telle évolution.
Aujourd’hui, pour différentes raisons, qui parfois se conjuguent, apparaissent des risques de repli, voire des régressions, qui se manifestent notamment par des restrictions budgétaires, des dérives populistes, des replis nationalistes teintés de racisme et de xénophobie, des actes de censure.
Les sociétés occidentales sont en mutation , les enjeux de notre temps ne nécessitent ni de frileux retours en arrière, ni des régressions de pensée, mais l’élaboration de réponses audacieuses, au cœur desquelles la culture tient une place décisive.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle renaissance, à l’un de ces moments dans l’histoire où, selon Walter BENJAMIN, « se transforme en même temps que leur mode d’existence le mode de perception des sociétés humaines ».
Afin d’attirer solennellement l’attention des élus sur ces questions, le Conseil d’Administration de la F.N.C.C., réuni à RENNES le 24 mars 1998, a décidé la rédaction d’une charte qui énonce les principes auxquels, pour être membre de la F.N.C.C., les collectivités doivent souscrire.

ARTICLE 1

La F.N.C.C., Fédération pluraliste, fonde son action sur le dialogue nécessaire entre les responsables politiques, de philosophies différentes, qui concourent à l’expression de la Démocratie. Elle affirme sa défense d’une conception humaniste de la politique où tous concourent au progrès de l’humanité et à la promotion de l’héritage culturel commun.

ARTICLE 2

Il ne peut y avoir de création sans liberté. Les adhérents de la F.N.C.C. s’engagent à respecter, en toute occasion, la liberté des artistes et à ne pas entraver le travail par quelque moyen de pression ou de rétorsion que ce soit.

ARTICLE 3

La défense de la Culture et de ses acteurs, implique, dans un esprit d’ouverture, et sans discrimination, l’accueil de toutes les formes d’expression de quelque nature ou de quelque origine qu’elles soient. Cette attitude s’inscrit naturellement dans la tradition de soutien aux créateurs et aux artistes venus de tous les horizons. C’est par l’échange entre les hommes et leurs cultures que l’art s’enrichit et s’épanouit. La F.N.C.C. rejette également toute position hégémonique d’une culture ou d’une idéologie qui tenterait d’imposer ses seuls critères esthétiques ou moraux.

ARTICLE 4

Les adhérents de la F.N.C.C. s’engagent à soutenir l’action des artistes par tous les moyens dont ils disposent dans le cadre des budgets régulièrement votés. Ils s’interdisent de leur imposer des limitations autres que celles prévues par la loi Ils militent pour l’attribution par les pouvoirs publics (Etat et Collectivités Territoriales) des moyens nécessaires au développement harmonieux et pluraliste de la vie culturelle.

ARTICLE 5

Les adhérents de la F.N.C.C. s’engagent à ne jamais, ni soutenir, ni, a fortiori, se lier par toute sorte d’entente, orale ou écrite, privée ou publique, avec ceux qui soutiendraient des positions contraires à l’humanisme et aux valeurs que la Fédération défend.

ARTICLE 6

L’adhésion à la F.N.C.C. suppose l’acceptation de la présente Charte, dans son intégralité par la Collectivité Territoriale signataire.