Dès ce 28 février, c’est un vaste mouvement de protestation et de mobilisation en solidarité avec le peuple ukrainien face à l’invasion russe. Les collectivités territoriales, par elles-mêmes ou par la voix de leurs associations nationales, expriment leur très vives préoccupations et commencent à initier des actions de soutien : aides alimentaire et matérielle, préparation d’hébergement pour d’éventuels réfugiés, soutien aux associations se mobilisant en faveur de l’Ukraine, fonds de soutien, multiplication des jumelages…
Mardi 1er mars : activation d’un « fonds d’action extérieure des collectivités territoriales ». Ce fonds (Faceco) mis en place par le Gouvernement permettra de « fédérer les initiatives et l’élan de solidarité exceptionnel avec le peuple ukrainien dans les territoires », a indiqué Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Toutes les collectivités sont sollicitées pour y contribuer afin de « financer des opérations humanitaires d’urgence répondant aux besoins prioritaires des victimes du conflit » ; un mode d’emploi pour les donation est mis en ligne. Le 7 mars, la région Nouvelle Aquitaine a apporté une contribution de 100 000€ au Faceco.
Le Faceco sera géré dans chaque département par les préfets. Le ministre de l’Intérieur a invité les élu.e.s à les informer des « solutions et initiatives possibles, en lien avec le secteur associatif » qu’ils envisagent (plus d’informations sur Localtis).
Associations internationales de collectivités. Par la voix de son président et maire de Sceaux Philippe Laurent, l’Association Française du Conseil des communes et régions d’Europe (AFCCRE) – qui accompagne le rapprochement de l’Ukraine avec l’UE depuis plusieurs années, au travers notamment de son accord avec l’Association des Villes polonaises et l’Association des Villes ukrainiennes –, « condamne le coup de force de la Russie sur l’Ukraine mettant en péril la souveraineté d’un pays » et invite « les collectivités territoriales françaises à apporter les soutiens adaptés à nos collègues d’Ukraine » (communiqué, 24/02).
Dans un communiqué (24/02) signé de son président Philippe Rio, maire de Grigny, l’Association des Maires pour la Paix France (AFCDRP), section française du réseau “Mayors for Peace” qui regroupe 8 000 collectivités territoriales (communes, départements et régions) dans le monde, rappelle que « le dialogue, la coopération et la voie diplomatique sont les seuls mécanismes valables pour assurer une résolution pacifique des conflits, réaffirme la nécessité de travailler dès maintenant à une désescalade de la violence et invite les villes et gouvernements locaux à porter la voix des peuples, premiers touchés par les conflits et les guerres auprès des gouvernements européens et russe. »
Rappelons que le secrétariat de l’AFCDRP est situé à Malakoff, commune jumelée avec Izmaïl et qui fait partie des 25 Villes françaises jumelées avec des Villes ukrainiennes (selon le site “Annuaire Mairie”), dont Lille avec Karkiv, Nice avec Yalta, Marseille avec Odessa, Saint-Etienne avec Lougansk, Belfort avec Zaparoje, Clichy-la-Garenne avec Ivano Frankivsk, Fontenay-sous-Bois avec Brovary, Limoges avec Grodno), Toulouse avec Kiev…
Associations françaises de collectivités. A l’échelle nationale, l’Association des maires de France appelle « les communes de France à se mobiliser, en lien avec les services de l’Etat, pour accueillir si nécessaire le moment venu des réfugiés dans les centres d’hébergements ou tout autre dispositif d’accueil ». L’AMF précise aussi qu’elles peuvent contribuer à l’aide d’urgence en faveur du peuple ukrainien : couvertures thermiques, sacs de couchage, plaids, matelas, oreillers, produits de toilette, antiseptiques, habillements, alimentation… (communiqué, 25/02).
Pour Ville de France aussi, « au-delà des mesures symboliques, les communes et leurs intercommunalités peuvent contribuer à l’aide d’urgence en faveur du peuple ukrainien ». Elle dresse une liste similaire en précisant « qu’en lien avec l’Ambassade d’Ukraine en France, des produits de première nécessité peuvent être collectés en vue de leur acheminement » (communiqué, 28/02).
L’association des Petites Villes de France se joint à ces appels : « Fidèles à leur tradition humaniste, les petites villes de France se disent prêtes, à la hauteur de leurs moyens, à participer à l’accueil des réfugiés fuyant la guerre. L’APVF enjoint toutes les communes de France à participer à ce mouvement de solidarité européenne » (communiqué, 25/02).
Pour sa part, l’Association des maires ruraux de France (AMRF) incite à la multiplication de jumelages entre communes ukrainiennes et françaises : « Les villages de France pensent aux villages d’Ukraine et affirment la force de la solidarité entre les peuples. Nous invitons nos collègues à œuvrer pour initier des jumelages entre communes rurales. Notre association pourra aider le cas échéant à cette mise en relation » (communiqué, 25/02).
Soulignant « la résistance héroïque dont font preuve le gouvernement de Volodymyr Zelensky, ses forces armées et tout le peuple ukrainien », Régions de France en appelle à une mobilisation financière. L’association propose « de constituer, en lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, un fonds de soutien qui pourra venir à l’appui de l’action des ONG, des associations, et plus globalement de tous ceux dont la mobilisation sera requise par la crise que nous traversons, et en particulier les Maires de France qui ont déjà lancé un appel à la solidarité. Notre souci est d’abord et avant tout humanitaire » (communiqué, 27/02).
L’AdCF, qui regroupe les intercommunalités, invoque « l’absolue nécessité de protéger les populations civiles » et rappelle que les dons financiers peuvent être adressés au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (lien) et que les produits de première nécessité peuvent être acheminés via le Comité international de la Croix-Rouge (lien).
Et l’ADF déclare que « les Départements de France sont prêts à soutenir financièrement les actions des associations venant en aide aux populations civiles victimes de cette guerre, sur le territoire ukrainien ou auprès des réfugiés dans les pays limitrophes ». Et précise que « les Départements de France sont entièrement disponibles pour organiser, dans chaque département, en coordination avec les autres collectivités, une concertation pour organiser et préparer efficacement ce soutien, aux côtés de l’Etat » (twitter).
Professionnels. A noter qu’un appel circule auprès de responsables de lieux culturels financés par la puissance publique (Opéra national de Paris, Théâtre de la Colline, Théâtre national de Strasbourg, Comédie Française, Festival d’Avignon, CDN de Besançon, Caen…) : « Nous, directrices et directeurs de lieux culturels en France, nous exprimons par ce message notre solidarité au peuple ukrainien et aux artistes ukrainiennes et ukrainiens. Nous sommes, face à l’urgence et aux dangers encourus par des artistes contraints de fuir la guerre, prêts à nous mobiliser, à contribuer à les accueillir en France afin qu’ils puissent continuer leur activité et ainsi préserver la libre expression de la culture ukrainienne. »