Le GIP Cafés Cultures, dispositif associant l’Etat et les collectivités pour soutenir les cafés et restaurants employeurs occasionnels d’artistes et de techniciens, a été initié en Pays de la Loire en 2015. Depuis généralisé à l’ensemble du territoire, il a réuni et distribué plus de 7M€ au bénéfice de 94 000 salariés. Sa marge de progression reste considérable, d’autant plus qu’une extension de son périmètre aux comités des fêtes est en cours de réflexion. Pourquoi les collectivités doivent-elles de saisir de ce dispositif de soutien à l’emploi artistique et d’animation culturelle des territoires ?
Comment fonctionne le GIP Cafés culture ? Samia Djitli précise le fonctionnement du dispositif qui réunit des membres de droit privé et public – Etat et collectivités. Pour ses moyens financiers, les collectivités délibèrent un montant pour venir abonder un fonds destiné aux cafés et restaurants employeurs occasionnels (contribution minimale : 300€), l’Etat versant pour sa part l’équivalent de 50% du fonds (soit aujourd’hui 500 000€).
Les aides que reçoivent les cafés ou restaurants (jusqu’à 65%) sont calculées en fonction du nombre d’artistes. Par exemple, s’ils sont quatre, le GIP prend en charge 312€ sur les 700€ de la masse salariale totale. Précision : le dispositif ne peut pas prendre en compte 100% du coût, son objectif étant aussi de responsabiliser les employeurs occasionnels. Par ailleurs, le GIP Cafés culture est ouvert à tous les statuts, que les établissements soient commerciaux ou associatifs.
Les cafés, hôtels et restaurants bénéficiaires doivent répondre à trois critères : être affiliés au Guso (partenaire essentiel, car le dispositif a pour premier objectif la lutte contre le travail illégal), être un Etablissement recevant du public (ERP) de type N, catégorie 5 (jauge de moins de 200 personnes) et adhérer à la convention collective des cafés, hôtels et restaurants.
Un outil pour la politique culturelle de l’Etat… Elsa Freyheit souligne que la pandémie de Covid 19 a révélé l’importance du soutien au spectacle occasionnel pour le maintien du tissu culturel. Pour le ministère de la Culture, sa participation à ce dispositif lui permet d’accompagner la création au-delà de son périmètre d’aide habituel. Aujourd’hui, son efficacité le conduit à en envisager l’adaptation aux comités des fêtes, en lien notamment avec la Fédération nationale des comités et organisateurs de festivités (FNCOF).
… et des maires ruraux. Au nom de l’Association des maires ruraux de France, Yvan Lubraneski fait l’éloge du GIP Cafés culture : une vraie innovation et un moyen de professionnalisation du secteur. Le dispositif s’avère précieux pour l’accompagnement des communes rurales et le renforcement de la capacité des maires à porter la culture sur leur territoire – ce qui est l’objectif même de l’AMRF. « Notre rôle est de faire connaître le dispositif. Il y a de grandes possibilités de développement. »
Le GIP présente un double avantage : dispositif « clefs en main », sa simplicité contribue à éviter une surcharge normative qui peut décourager les élus ruraux et son efficacité permet de les inciter à l’action culturelle – pas forcément un réflexe dans toutes les communes rurales –, ce que favorisera grandement son élargissement aux comités des fêtes, qu’ils soient communaux ou associatifs. C’est d’autant plus important que le soutien aux cafés – que vise aussi l’opération « 1 000 cafés », par exemple – et plus largement aux petits commerces ou encore aux tiers-lieux est essentiel en territoire rural.
Pour Arnaud Thenoz, l’élargissement du GIP Cafés culture sera en effet une opportunité de rapprocher la culture de la population sur les territoires, surtout ruraux. Il permettra aussi, grâce au travail avec le ministère de la Culture, de lutter contre le travail illégal en accompagnant les comités des fêtes, le plus souvent animés par des bénévoles, pour qu’ils inscrivent leurs activités dans la légalité. « C’est donc un outil à la fois technique et financier au service de l’animation culturelle des territoires. »
« On voit ici la pertinence de l’intervention publique pour le soutien à la création. L’extension du périmètre de cet outil de facilitation de l’emploi des artistes et des techniciens du spectacle vivant constitue un véritable levier de politique culturelle », conclut Benoît Careil.