Commune de l’Ain limitrophe de Bourg-en-Bresse, Saint-Denis-lès-Bourg (6 000 habitants) est l’une des villes principales de la jeune la communauté d’agglomération du Bassin de Bourg-en-Bresse (création en 2017). Riche d’une très dense vie associative, la nouvelle municipalité – inscrite dans la continuité de la précédente – développe un projet culturel axé sur la participation, avec une attention particulière portée sur l’accès à la culture des personnes en situation de handicap. Isabelle Messina, conseillère municipale déléguée à la culture, présente les principaux objectifs d’une politique culturelle qui, pour la première fois à Saint-Denis-lès-Bourg, fera l’objet d’une formalisation écrite.
La nouvelle équipe municipale s’inscrit-elle dans la continuité ? Ce mandat est-il un choix ?
Le maire, Guillaume Fauvet, a été réélu avec une équipe renouvelée en partie. Le dernier mandat a laissé un goût de dossier non abouti et les bilans des événements culturels laissent à penser que les consommateurs de l’offre sont toujours les mêmes. Peut-être qu’une part de la population de notre ville n’est pas intéressée, mal informée, sursollicitée par une offre importante sur le pôle urbain… Quoi qu’il en soit, il faut écarter le fait qu’elle pourrait penser que les événements culturels ne lui sont pas accessibles.
L’équipe municipale considère que la culture est une richesse et un outil fondamental en faveur du lien social. La culture enrichit notre capacité à vivre ensemble. Elle est l’une des réponses contre l’isolement et favorise le lien entre les habitants. C’est sur ces valeurs qu’en préparation des élections l’équipe a décidé de poursuivre et développer son action en faveur d’une politique culturelle avec l’idée forte de soutenir “une vie qui soit solidaire et épanouie”.
Dans ma vie professionnelle je suis éducatrice spécialisée et je considère que la culture est un outil qui permet aux personnes en situation de handicap de pouvoir être citoyen et de s’inscrire dans des activités et propositions culturelles au sein du droit commun. C’est donc tout naturellement que j’ai accepté de prendre ce poste de déléguée et de relever le défi de ce projet culturel en construction pour permettre à tous d’accéder à une offre culturelle.
La particularité de votre territoire ?
Notre commune est située dans une première couronne de Bourg-en-Bresse, préfecture du département de l’Ain et chef-lieu d’une agglomération forte de 74 communes et 136 000 habitants.
Notre commune jouxte ce pôle urbain riche d’événements divers. Pour autant, les actions de proximité sont pour nous essentielles. La population de notre commune augmente, se diversifie et les besoins vont de pairs. Nous atteindrons bientôt 6 000 habitants. Nous avons, pour citer quelques infrastructures et organisations sur notre commune, deux écoles maternelles, une école primaire et un collège, une crèche, une Marpa (Résidence Retraite), une médiathèque et une école de musique, un centre social, le CCASS, qui multiplie les actions de solidarité en faveur des habitants.
Quelle est la fonction d’une politique culturelle au sein d’un projet politique municipal ?
La politique culturelle fait partie d’un programme plus vaste de soutien à la vie locale. La fonction d’une politique culturelle est de formaliser un outil pour créer du lien entre les habitants et les acteurs du territoire (associations artistes amateurs) et ainsi impliquer les concitoyens dans des actions partagées : un projet culturel pour favoriser le bien vivre ensemble, la convivialité, l’échange, le partage, le plaisir et l’émotion pour repousser la solitude.
Les principales lignes de votre projet culturel ?
La force c’est d’avoir une équipe : une commission culture, composée de sept conseillers municipaux et d’une déléguée à la culture, qui réfléchit à comment rendre accessible la culture à tous.
Notre projet culturel est en cours de construction. Son atout sera d’avoir été construit en concertation avec les habitants. Un des axes transversaux de notre programme est la concertation citoyenne qui permet d’être en lien avec les habitants. Pour ce faire, nous allons nous attacher à construire un diagnostic de l’existant que l’on sait riche, diversifié, éclectique. Ceci grâce à un questionnaire envoyé à tous les acteurs de notre territoire pour dresser un état des lieux de ce qui se fait et comment. La démarche permettra de recueillir des données qualitatives et quantitatives pour mettre en lumière les points forts et les faiblesses de l’existant.
A ce repérage s’ajouteront des questions qui permettront à chacun d’exprimer ses attentes face à l’écriture de ce projet dont l’objectif sera de rester en étroite corrélation aux besoins des habitants. La commission va ensuite proposer en regard des réponses et des valeurs du projet municipal des objectifs qui seront ensuite soumis à la population pour être inscrits dans une démarche de co-construction.
Comment articuler culture et écologie ?
Le deuxième axe transversal de notre programme est la signature du Pacte pour la transition écologique, sociale et démocratique et tous nos projets sont regardés par la lorgnette de cette thématique.
Trente-deux mesures composent ce pacte. Nous en avons signé une dizaine, avec des enjeux graduels. Un des enjeux qui tient à cœur à la commission est celui “d’assurer le bien-être des citoyens, de soutenir les publics les plus fragiles, de favoriser l’accès du plus grand nombre, quel que soit son niveau de vie, aux besoins essentiels qui est la culture”.
Le projet culturel se veut porteur d’une vocation durable sociale et éthique puisqu’il va renforcer les liens entre les habitants, qu’il favorisera le vivre ensemble, qu’il s’adressera à tous, qu’il contribuera à la mixité sociale et intergénérationnelle.
Accordez-vous une place et/ou fonction particulière aux arts dans l’espace public ?
Les arts et le sport sont des outils essentiels d’animation de la vie locale. De nombreuses salles municipales ou espaces publics (places, parcs…) sont alloués aux associations pour qu’elles puissent y pratiquer leurs activités.
Quels sont les principaux atouts de votre commune, ses faiblesses ?
La commune est riche d’une trentaine d’associations diverses et variées. La faiblesse, c’est que nous sommes restreints en capacité d’accueil et que l’offre des locaux n’est pas extensible à souhait.
Nous avons une salle des fêtes désuète. Le principal projet structurant de ce mandat est la reconstruction dans le même emplacement d’un équipement qui correspondra à l’attente et aux besoins de la population et des associations. Pendant l’espace-temps de cette construction, il va falloir trouver des astuces pour permettre aux habitants de se regrouper pour que les manifestations culturelles ne s’en trouvent pas trop entravées.
Quelles attentes de la part de la population ?
Lors de la préparation des élections, le travail de Saint-Denis Ensemble a permis de noter la diversité des actions des associations mais a aussi relevé un manque de lisibilité, de communication. C’est pourquoi la volonté de se doter d’un projet de politique culturelle et artistique écrit constituera une avancée pour la politique globale de la ville.
Quelle est la place de la vie associative ?
Au sein de la commune de Saint-Denis-lès-Bourg, la culture se décline avec différents acteurs qui sont complémentaires : la Médiathèque, le Pôle Pyramide, l’Ecole de musique Accords Musique, l’Association culturelle et sportive, les résidences d’artiste… Soucieuse de promouvoir la vie locale, la municipalité a à cœur d’être aux côtés des associations et des habitants pour soutenir les manifestations sportives, culturelles et festives lesquelles favorisent la diversité, l’intégration et la cohésion.
Les arts et le sport sont des outils essentiels d’animation de la vie locale. C’est pourquoi la volonté de se doter d’un projet de politique culturelle et artistique écrit constituera une avancée pour la politique globale de la ville.
Depuis quatre ans nous avons mis en place un Projet territorial d’éducation artistique et culturel qui, grâce à un thème choisi en amont ensemble avec les associations, favorise les projets inter-associatifs ou en lien avec les écoles. A la présentation des projets une subvention leur est allouée à condition que leur proposition soit dans les critères d’attributions ; un calendrier sur l’année répertorie toutes les manifestations en faveur du thème choisi.
C’est donc tout naturellement que les associations auront une place importante dans ce projet culturel et quelles en seront l’essence même puisque les actions initiées dans la vie locale sont en majeure partie nées de leurs propositions. La mairie n’est là que pour soutenir, encourager.
Quels rapports avec l’intercommunalité ?
Saint-Denis-lès-Bourg affirme sa place au sein de l’agglomération. L’EPCI participe au budget de l’école de musique du fait de sa spécificité d’accueillir des personnes en situation de handicap. Il reste cependant timide en partie par le fait qu’il s’agit d’une compétence optionnelle et récente.
Bien sûr il serait souhaitable que l’engagement financier soit plus important pour une meilleure harmonisation des tarifs des cours de musique sur tout le territoire. La coopération au niveau de la culture reste à construire et l’écriture du projet va nous permettre d’assoir également notre politique. Il nous faut développer des projets en commun.
Le Théâtre de Bourg-en-Bresse – Etablissement public de coopération culturelle – est scène conventionnée d’intérêt général “création marionnette et cirque”. Des cours de cirque pourraient dans l’avenir être donnée dans les écoles de l’agglomération. Un partage d’événements culturels pourrait favoriser une mutualisation des coûts et l’agglomération pourrait permettre un meilleur rayonnement de nos actions culturelles.
La Maison de la culture et de la citoyenneté (MCC) de Bourg-en-Bresse accueille la MJC, l’AGLCA (Maison de la vie associative) et l’ALTEC (Centre de culture scientifique, technique et industrielle du département de l’Ain). En septembre dernier a eu lieu la labellisation “micro-folies” pour un accès numérisé aux œuvres de musées nationaux. Ce dispositif pourrait se déplacer dans les communes et il serait bien que notre médiathèque soit en lien avec ce dispositif pour étoffer son offre.
Vos relations avec la DRAC ?
Dans sa mission de “Développement du livre et de la lecture, de l’éducation artistique et culturelle et de la transmission des savoirs”, la DRAC pourrait nous aider à financer des projets et nous donner également des pistes d’amélioration de notre offre culturelle.
Dernièrement, grâce à une vidéo conférence retransmise par la FNCC sur la médiathèque de demain, nous avons pris connaissance du rapport d’Erik Orsenna pour que les bibliothèques ouvrent et offrent plus. La DRAC pourrait ainsi nous permettre de bénéficier d’un budget supplémentaire pour initier une ouverture un dimanche par mois. A noter que la DRAC devrait informer davantage de ses intentions, car sans cette vidéo conférence nous n’aurions pas été au courant de ces possibilités de soutien.
La crise sanitaire oblige à repenser les modalités de l’action culturelle…
Aujourd’hui les associations sont en difficultés d’une part à cause de tout le temps consacré à la préparation d’événements qui ne peuvent aboutir du fait de la situation sanitaire. D’autre part, certains événements contribuent à la bonne santé financière des associations ; leur annulation ou report pourrait les mettre aujourd’hui en péril.
Mais effectivement cette crise demande à chacun d’inventer, de se renouveler pour maintenir du lien avec ses adhérents : “clik en collect” et portage de livre pour la médiathèque, coups de cœur et astuces manuelles en ligne pour le Pôle et les activités manuelles… Cependant tout ceci ne remplace pas le contact réel.
Vous venez d’adhérer à la FNCC. Pourquoi ? Qu’en attendez-vous ?
Cette adhésion va nous permettre de tisser des liens avec un réseau de communes engagées dans une dynamique similaire à la nôtre.
Propos recueillis par Vincent Rouillon