Skip to main content
Actualités

Retour des journées d’Avignon 2023 : rencontre avec la Cofac

Par 29 août 2023septembre 13th, 2023Aucun commentaire

A l’instar des années précédentes, une rencontre était organisée à Avignon, le 17 juillet, pour cultiver le lien entre les élus et le tissu associatif. Construit conjointement par la Cofac et la FNCC, le débat a réuni de nombreux élus et une vingtaine de représentants de structures associatives : Maisons de jeunes et de la culture, Fédération de pratiques en amateur, d’enseignement artistique… Avec un thème : les impacts et les effets de long terme de l’action des associations culturelles. Et une question : quelle articulation avec les politiques culturelle locales ?

Elargir la notion de culture. Animée par Florian Salazar-Martin, vice-président de la FNCC, la rencontre a acté l’importance, à la fois en nombre et quant à sa fonction pour la cohésion sociale, du tissu associatif et, inversement, sa grande fragilité qu’a accru les deux années de crise sanitaire. Avec pour constat un manque de reconnaissance qui procède avant tout de l’histoire même des politiques culturelles. « L’Etat en est resté à une répartition de compétence où la culture et les arts relèveraient de sa responsabilité et le “socioculturel” de celle des collectivités », rappelle-t-il. Précision sémantique du président de la FNCC, Frédéric Hocquard : « Nous sommes confrontés à une doxa qui ne nous correspond pas, une vision de la culture encore axée sur l’idée des Beaux-Arts. Pour notre part, nous tentons d’élargir le spectre de ce qu’est la culture : la culture, c’est tout ce qui crée du lien entre les gens. »

Reconnaissance. De cet héritage national de valorisation des arts au détriment des pratiques procède une instrumentalisation du travail des associations. Puisqu’elles ne seraient pas porteuses d’une valeur intrinsèque, ce seront leurs effets comptabilisables qui seuls justifieraient leur soutien public. Pour Marie-Claire Martel, présidente de la Cofac, la nature même de leur travail est ignorée. « On les finance pour ce qu’elles font, non pour ce qu’elles sont, d’où notre demande de recherches pour évaluer leurs effets de long terme sur la culture dans son acception large.» Les associations sont ainsi jaugées sur leurs actions concrètes alors que leurs objectifs sont ceux d’une émancipation sociale par essence non quantifiable. Ici le processus devrait primer sur le résultat immédiatement tangible. « La première fonction des associations est démocratique. »

Le poids des appels à projets. Ce manque de considération a entraîné la généralisation du recours à l’appel à projet et, en réaction, une forte demande de son abandon au bénéfice du principe des conventionnements pluriannuels.

« Nous n’en pouvons plus des appels à projets, car c’est un marathon terrible, une course permanente », note Vincent Niqueux, président des Jeunesses musicales de France. Pour sa part, Raphaël Souyris, chargé des actions culturelles et citoyennes à MJC de France, demande un réel accompagnement pour que les projets soient construits ensemble par les associations et les collectivités, au service des choix des politiques culturelles locales. Il cite en exemple la charte signée par la FNCC, le SNSP et France festivals sur les missions artistiques et territoriales des scènes publiques. Une perspective que soutient notamment Jean-Yves Fouqueray, conseiller à la culture de Séné (Morbihan) et membre du Bureau de la FNCC. « Je suis favorable à l’idée d’une charte pour favoriser le dialogue et les convergences entre les uns et les autres, même si cela nécessite aussi l’échange à l’échelle locale », comme cela se pratique avec succès en Bretagne, par exemple avec les bagads ou les chœurs, dans une réelle complémentarité.

Pour Florian Salazar-Martin aussi, qui s’inquiète d’un mimétisme croissant entre les modalités d’action de l’Etat et celles des collectivités, l’appel à projet vide le travail des associations de sa signification même – « l’appel à projet est le principe d’un démembrement des politiques publiques » – et entrave de surcroît leur fonctionnement. Le chiffre est en effet donné : les acteurs associatifs consacrent 56% de leur temps de travail à la réalisation des dossiers de réponse aux appels à projet et, plus généralement, à la recherche de financements.

Démobilisation des bénévoles. De là une conséquence structurelle que soulignent Grégoire Pénavaire, élu à Enghien-les-Bains et trésorier de la FNCC, ainsi que Patrice Latronche, maire-adjoint à la culture de Champigny-sur-Marne. Le premier constate l’absence d’engagement des bénévoles. « Un président démissionne et personne ne prend la relève. Quant aux jeunes, on a des difficultés à les recruter ; ils n’ont plus envie de s’impliquer. » Et le second un étiolement général du volontarisme citoyen : « Ce n’est pas parce que les collectivités mettent la pression mais parce que les habitants n’ont plus envie de s’investir. Peut-être le modèle ne correspond-il plus à la société d’aujourd’hui… »

Confirmation côté associatif. Le représentant de Territoires et cinéma, Jacques Guéné, incrimine la faiblesse des aides du Fonds national de développement de la vie associative et Marlène Perraud, directrice de la Fédération régionale des MJC Méditerranée, l’inadéquation des dispositifs nationaux et des labels ou cahiers des charges à la réalité de l’action des associations. Pour sa part, le président de la Fédération nationale des comités et organisateurs de festivités (FNCOF), Arnaud Thenoz, pointe une saturation : « Il y a trop de travail administratif et trop d’appels à projets à gérer : les dirigeants préfèrent démissionner. »

Un dialogue indispensable. En introduction, Florian Salazar-Martin notait que ce sont avant tout les collectivités qui sont en mesure de comprendre l’importance du travail des associations et la fonction indispensable de « ce réseau multiple dont la profusion exige de faire sienne une approche anthropologique de la culture, beaucoup plus ouverte sur la vie des personnes ». En écho, le président de la FNCC confirme : « Nous, élus locaux, sommes la clef pour susciter l’échange. Mais on ne peut que constater qu’il se fait de moins en moins. » D’où l’importance de ce temps de dialogue avignonnais.