Mi-octobre, un collectif signait une tribune appelant à témoigner sur les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes dans le monde du théâtre et à “désilencer” l’ensemble des entraves à la parité qui y règne. La FNCC a souhaité rencontrer des membres de ce collectif. Une visio-conférence a réuni, le 9 novembre 2021, le président de la FNCC, Frédéric Hocquard, May Bouhada, membre du Bureau et animatrice du groupe de travail sur l’égalité femme/homme de la Fédération, Séphora Haymann, metteuse en scène, comédienne, et Louise Brzezowska-Dudek, metteuse en scène, autrice. Quelle formes communes de mobilisation envisager ? Extraits des échanges.
Le président de la FNCC note qu’en ce moment, avec le mouvement #MeToo, les questions des violences sexuelles et sexistes ont pris le pas sur la problématique plus globale de l’égalité. Or, de ce point de vue, la tribune de lancement de #MeToo Théâtre était particulièrement intéressante en ce que, tout en en témoignant, elle établissait clairement le lien entre les deux dimensions. Un lien qui fait écho avec les préoccupations des élu.e.s.
Un continuum. Une approche confirmée par Séphora Haymann : les femmes font face à un continuum entre violence et inégalité dont les questions de moindre visibilité, de moindre accès aux financements sont des éléments. La parole des femmes est insuffisamment représentée et les moyens manquent pour la faire entendre.
Pour Louise Brzezowska-Dudek, les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du théâtre sont la résultante d’une réalité structurelle de domination dont participe également les inégalités économiques subies par les femmes, qui les permet et les autorise. Pour favoriser une mobilisation de l’ensemble du milieu, le collectif envisage l’organisation d’Etats généraux contre les violences sexuelles et sexistes dans différents lieux de théâtre afin qu’après, personne ne puisse dire qu’il ne savait pas. Il faut également dépasser la réduction de ces violences à des cas privés. C’est une question publique qui doit être abordée du point de vue de la législation, du droit du travail, de la dépense publique et non sous l’angle personnel.
May Bouhada ajoute que la question de l’enseignement de l’art dramatique se pose aussi. Pour Frédéric Hocquard, il s’agit également d’une question de reconnaissance par l’institution. Le président de la FNCC s’interroge par ailleurs sur le soutien que le politique peut apporter aux initiatives citoyennes et professionnelles.
Inversant la perspective d’un appui du politique au collectif, Séphora Haymann estime que #MeToo Théâtre est un outil au service des politiques – qui disposent des moyens d’agir politiques et législatifs. Les lois, les moyens d’action sont dans les mains des élu.e.s. Il faut une volonté politique.
Perspectives. Dans le cadre de son projet de mobilisation pour l’élection présidentielle, la FNCC va élaborer des propositions pour les politiques culturelles dont certaines pour avancer sur la voie de l’égalité femme/homme. Parmi elles, le président de la FNCC indique que, dans le respect du pluralisme de la Fédération et d’une parole partagée, pourrait figurer celle d’une forme ou une autre de nécessaire prise en compte de l’égalité femme/homme dans l’octroi des aides publiques. La FNCC est engagée depuis de nombreuses années en faveur de l’égalité femme/homme, son groupe de travail a notamment organisé un débat cet été (juillet 2021) à Avignon autour de « la reprise culturelle dans la culture à l’ère de l’égalité femme/homme » avec différentes voix d’initiatives militantes : élu.e.s, étudiants, matermittentes, artistes, mouvement h/f, membres du Syndeac…