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Echos des adhérents

Portrait culturel de Moëlan-sur-Mer

By 6 février 2019février 24th, 2023No Comments

Située dans le Finistère, la commune de Moëlan-sur-Mer, partie prenante de Quimperlé Communauté, compte 7 000 habitants, mais plus du double en période estivale. Riche d’un patrimoine côtier très touristique mais aussi d’une forte empreinte des Impressionnistes, notamment dans la commune proche Pont-Aven, Moëlan-sur-Mer est également un territoire de musiques et de festivals où se croisent et se mêlent musique traditionnelle bretonne, jazz, funk, et musique de l’Est.

Pascale NEDELLEC, 1re adjointe au maire en charge de la culture, des animations, de la communication et de la langue bretonne expose les grandes lignes de sa politique culturelle, accompagnée de Loïc Le Nezet, directeur du Centre culturel de Moëlan-sur-Mer.

Quel est le rôle, l’objectif remplissant les politiques culturelles pour Moëlan-sur-Mer ?

Notre ambition est de permettre à tous l’accès à la culture afin de développer l’esprit critique et la créativité. Nous disposons d’un remarquable lieu de création artistique, le Centre culturel “L’Ellipse” : une salle très bien équipée, avec un beau plateau.

Nous portons une attention particulière au public jeune, avec une programmation de spectacles (musique, danse, théâtre…) en direction des écoles, des jeunes (service jeunesse, bibliothèque), mais aussi du public familial.

Afin de soutenir les artistes et de permettre la rencontre avec les habitants, “L’Ellipse”accueille des artistes en résidences : sur des temps de création de plusieurs semaines (mise en scène, création lumières…) en favorisant les rencontres avec les habitants ; sur des temps courts en préparation de leur programmation dans des salles de spectacle ou des festivals.

Votre commune est littorale. Quelle est la particularité d’une telle situation ? Une différence entre l’été et le reste de l’année ?

D’une part, nous sommes ici en milieu rural, mais en situation limitrophe au bassin de Lorient, avec beaucoup de familles de primo-accédants. Une population donc plus urbaine que rurale, ce qui nous conduit à multiplier les partenariats pour répondre à une forte demande de culture.

D’autre part, l’attractivité de la commune est particulièrement forte en période estivale. La population double, ce qui influe fortement sur les modalités de notre offre culturelle. Si l’hiver, elle est essentiellement proposée au sein du Centre culturel, en été, l’accent est porté davantage sur le “hors-les-murs”, dans l’espace public, avec des fanfares de rue, en investissant de multiples lieux de la commune comme les ports. L’été, nous sommes également très sollicités par des musiciens “classiques”, notamment pour se produire dans la chapelle Saint-Philibert. Nous organisons les “Mardis festifs”, avec des fanfares aux esthétiques très diverses – classique, jazz, funk, traditionnelle… – en privilégiant toujours une exigence de qualité artistique, et “Kerfany en fête”, soirée musicale festive et populaire sur l’arrière plage de Kerfany avec un feu d’artifice tiré depuis une barge. La vie culturelle de Moëlan-sur-Mer est très axée sur la musique, ce qui permet de créer de la convivialité, des moments de partage, entre les locaux et les estivaux.

La mer est-elle une ressource culturelle ?

Non, pas tant la mer que nos rivages, les “rias” – des bras de mer formant des entrées maritimes – dont l’atmosphère a notamment attiré des peintres Impressionnistes. Aujourd’hui encore, de nombreux plasticiens se sont installés sur le territoire.

Et pour les arts plastiques ?

C’est moins évident que pour la musique. Beaucoup de tableaux, par exemple, restent encore au sein des familles, ce qui rend difficile leur mise en valeur. Mais nous avons en projet la création d’un espace d’exposition dans la future médiathèque.

De manière générale, toute culture a besoin de se confronter à d’autres.
La culture propose un merveilleux prétexte à l’échange. Cela se fait naturellement.
Les notions de droits culturels, de diversité… sont-elles des sources d’inspiration ?

Les notions de diversités et de droits culturels font directement écho à la très forte identité culturelle de la Bretagne. L’engouement pour les chansons traditionnelles, mais aussi pour les influences rock que traduisent nos musiciens, s’avère réel, avec cette “identité” musicale bretonne essentiellement métissée, croisant musique arabe, tzigane et bien d’autres… Avec la marine marchande et les pêcheurs, les Bretons sont des voyageurs : nous sommes habitués à ces processus de fusion et avons à cœur de les refléter dans nos programmations. Par exemple, nous recevrons bientôt un ensemble de harpes mêlant jazz et musique bretonne. La Kreiz Breizh Académie, que dirige Erik Marchand, témoigne de cet esprit d’ouverture, de ce goût de la fusion esthétique.

De manière générale, toute culture a besoin de se confronter à d’autres. D’où notamment le festival Interceltique de Lorient ou encore le Festival de cinéma international de Douarnenez [dont l’ambition est de donner visibilité aux peuples dit “minoritaires”]. La culture propose un merveilleux prétexte à l’échange. Cela se fait naturellement.

Un Mardi festif

Quels sont vos axes prioritaires ?

Quimperlé Communauté réunit seize communes. L’EPCI n’a pas la compétence culturelle mais mène certaines actions en faveur de la culture, en particulier pour les bibliothèques par la coordination du réseau des médiathèques, la gestion du réseau informatique, la promotion de la culture bretonne…. Par exemple, grâce à ces apports et aussi avec une importante aide de la DRAC, les bibliothèques/médiathèques de notre communauté d’agglomération sont repensées, agrandies. Par ailleurs, certaines communes reçoivent de l’intercommunalité des aides pour la programmation et la diffusion. J’ajouterai encore que l’intercommunalité a mis en place un groupement d’employeurs pour une aide administrative aux écoles de musique associatives.

Mais aucun transfert n’a eu lieu, et je n’en souhaite pas. Nous restons indépendants. La compétence culture demeure entière aux communes, même si nous organisons entre nous des choses en commun, comme le festival “Les Rias” – festival de rue en pays de Quimperlé – qui concerne dix communes et accueille plus de 60 000 spectateurs sur cinq jours. Je citerai aussi le festival de poésie Sémaphore – une manifestation très dense. A noter ici que Moëlan-sur-Mer est labellisée “Ville en poésie” par le Printemps des poètes.

Concert à L’Ellipse

Vous appuyez-vous sur les associations ?

Beaucoup. Nous bénéficions ainsi du réseau “4 Ass et Plus”, à dimension intercommunale, initié au départ par quatre associations mais qu’ont rejoint deux mairies, dont la nôtre. Son principe : construire un calendrier, un projet et une communication en commun. Dans ce cadre nous aidons chaque année une compagnie artistique (toutes expressions esthétiques confondues) pour une nouvelle création. Nous ne travaillons pas hors sol mais à partir d’initiatives locales, comme le festival intercommunal Taol Kurun, autour de la notion de terre océane, en étroite correspondance avec notre identité culturelle.

Il n’est pas si courant qu’une adjointe à la culture soit première adjointe. Cela traduit-il un engagement culturel particulier ?

Votre question est curieuse. Dans Quimperlé Communauté, quatre des élu.e.s à la culture sont premières adjointes… Pour ce qui est de la difficulté de défendre les budgets culturels, oui, cela n’a rien d’évident avec les baisses des dotations de l’Etat. Nous devons faire très attention. De plus, les élu.e.s sont à l’écoute des citoyens, et leurs demandes ne sont pas forcément d’abord culturelles… Nous arrivons cependant à maintenir le budget, mais difficile d’aller plus loin, car la préoccupation culturelle n’est pas véritablement d’actualité. Quoi qu’il en soit, ma position de 1re adjointe ne me permet pas d’en faire plus.

Quelles sont les principales ressources culturelles de votre territoire : équipements, patrimoine, tissu associatif… ? Les manques ?

Nous avons un remarquable cinéma associatif, le Kerfany, qui programme régulièrement des projections suivies de débats avec des metteurs en scène ou des acteurs. Beaucoup de personnalités artistiques reconnues sont invitées. En partenariat, nous proposons aussi des projections ciné-concert avec bruitage en direct. Ce cinéma est une vraie chance pour Moëlan-sur-Mer. Autre richesse, Radio Océan, un média avec lequel nous collaborons, par exemple pour la communication.

Une autre richesse nous vient d’une jeune association croisant bande dessinée et photo, avec une exposition biennale sur des très grands panneaux dans le bourg, où se répondent deux à deux des BD et des photographies. La première exposition Le Floch/Thersiquel a connu un grand succès. Emmanuel et François Lepage dessinateur et photographe seront à l’honneur de l’édition 2019.

Mais notre outil culturel le plus important sera le pôle multimodal regroupant le Centre culturel, la médiathèque, un espace jeune, en lien bientôt avec l’école de musique associative. L’idée est d’accentuer la synergie entre ces différents équipements et notamment de construire une programmation en aller-retour entre le Centre culturel et la médiathèque autour de la thématique de l’océan.

Croisez-vous culture et environnement ?

Des passerelles naturelles existent déjà, avec des promenades sur l’estran. Mais nous voulons accentuer ce lien.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Sentez-vous une forte attente culturelle de la part de la population ?

L’attente de culture est forte, d’où la nécessité d’une programmation régulière et éclectique, laquelle satisfait la population. La principale difficulté est de ne pouvoir accueillir toutes les propositions au Centre culturel. Nous sommes fortement sollicités par un tissu associatif très dense, avec plus d’une centaine d’associations. Nous leur proposons également un appui logistique car elles ne se rendent pas forcément compte de l’importance des aspects techniques, de sonorisation, de lumière…

Qu’attendez-vous de la FNCC ?

Nous nous sommes aperçus qu’une des élues à la culture de Quimperlé Communauté disposait d’informations que nous n’avions pas… Elle nous a transmis les outils de communications publiés par la FNCC. De là est venue l’envie d’adhérer, pour être mieux informés sur la culture, sur les aides possibles, sur l’actualité culturelle nationale. C’est vraiment cet apport d’information qui nous intéresse, car nous ne sommes pas en mesure d’assurer par nous-même un tel travail de veille. Désormais, nous transmettons ce que nous recevons de la FNCC au Centre culturel, à la bibliothèque et au-delà…