Les tiers-lieux ne sont plus des structures atypiques, nouvelles, émergentes et encore rares mais une réalité désormais ancrée sur l’ensemble du territoire. Le “Panorama des tiers-lieux 2023” réalisé par de GIP France Tiers-lieux révèle l’essor de ces structures fondées sur la participation et le croisement d’activités multiples, fruits d’initiatives citoyennes puissamment relayées et soutenues par les collectivités. Leur multiplication fait également l’objet d’une politique volontariste de l’Etat : l’appel à projet de 2020 lancé dans le cadre du dispositif “Fabriques de territoires” est à l’origine de la création de 300 tiers-lieux en 2020-2021, à quoi s’ajoute un nouvel appel (lien) pour 2023 destiné à la création de 80 nouveaux lieux là où n’en existe encore aucun. Synthèse des données du Panorama 2023 concernant les tiers-lieux culturels.
Répartition régionale des tiers-lieux en 2023
Nombre et implantation. Il existe aujourd’hui 3 500 tiers-lieux recensés. Toutes typologies confondues (à vocation culturelle, espaces de coworking, fablab, ateliers artisanaux partagés…), les tiers-lieux sont essentiellement installés hors des zones densément peuplées (à 62%), pour un peu moins d’un tiers (28%) dans des villes moyennes et pour un peu plus d’un tiers (34%) en milieu rural. Pour autant leur répartition régionale s’avère encore inégale. S’ils sont assez nombreux en Ile-de-France (16% y sont implantés), en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle Aquitaine (13%) ou encore en Occitanie (11%), ils sont plus rares en région Sud (5%), en Bourgogne-Franche-Comté ou en Centre-Val de Loire (4%) et quasi inexistants en Outremer (ci-contre).
Le rôle central des collectivités. Avec des appels à projets entraînant un financement forfaitaire de 50 000€ par tiers-lieu créé, l’Etat apporte une aide au démarrage très significative. Mais pour fonctionner, ces lieux n’existeraient pas sans l’engagement des collectivités à leurs côtés.
Elles en sont à la fois des initiatrices : près de la moitié des tiers-lieux ont été créés grâce à l’impulsion de collectivités communales (45% pour les communes et 44% pour les intercommunalités), à celle des Départements (7%) et des Régions (4%).
Les collectivités en sont également des partenaires essentiels : 83% des tiers-lieux s’appuient sur des partenariats publics, dont 59% avec des communes, 52% avec des EPCI, 45% avec leur Région et 42% avec leur Département.
Enfin, la puissance publique contribue pour quasi la moitié au chiffre d’affaires des tiers-lieux (à 49%) dont le total cumulé des 3 500 tiers-lieux s’élève à 882M€. Répartition des parts de financement public : Etat (national et déconcentré) 55%, Régions 53%, Départements 43%, communes 43%, EPCI 36% (à noter également une contribution non négligeable de l’Union européenne, avec 20%).
Modèles et activités de tiers-lieux culturels. Près d’un tiers des tiers-lieux (31%) sont à vocation culturelle. Malgré la teneur par essence innovante de ces structures longtemps atypiques, les secteurs des activités culturelles investis par les tiers-lieux sont pour ainsi dire “traditionnels”, reflet de l’organisation des politiques culturelles tant de l’Etat que des collectivités. 72% d’entre eux s’investissent dans les arts plastiques, 68% dans le spectacle vivant, 68% dans les musiques, 24% dans l’architecture et le patrimoine. A noter toutefois un engagement à 43% dans ce que le Panorama nomme “écritures”, sans davantage définir cette catégorie. Autre remarque, l’absence de mention du cinéma, de l’audiovisuel ou encore du jeu vidéo.
En revanche, les modalités des activités des tiers-lieux couvrent l’ensemble du champ de l’action culturelle, avec un engagement notable et complémentaire des politiques publiques dans les pratiques en amateur (60%) : diffusion (74%), médiation (57%), création artistique (49%), accueil d’artistes en résidence (43%), EAC (28%), bibliothèque (18%) et formation professionnelle artistiques (9%).
Des acteurs culturels d’avenir. L’ampleur de cette palette d’activités artistiques et culturelles ainsi que la manifeste adéquation entre les divers modes de structuration propres aux tiers-lieux et le champ artistique et culturel leur confèrent objectivement un rôle potentiellement significatif dans le développement des politiques culturelles sur les territoires, notamment en milieu rural. Ainsi, 13 millions de personnes ont assisté à un événement artistico-culturel dans un tiers-lieu en 2023.
On notera enfin que la culture telle qu’investie par les tiers-lieux semble faire une large part à la fête, avec 135 000 événements festifs ouverts au public. A ce titre, on peut gager que leur essor – France Tiers-lieux anticipe 5 000 tiers-lieux à l’horizon 2025 – pourra contribuer à élargir, dans l’esprit des droits culturels, le champ de l’intervention culturelle publique.
