Philippe Laurent, maire de Sceaux et vice-président de la FNCC, signe l’éditorial de la Lettre d’Echanges n°172 (mai 2019)
Longtemps, ce sont les œuvres et les artistes qui circulaient à travers l’Europe, tissant l’unité d’une civilisation diverse. Aujourd’hui, ce sont les personnes, mêlant leurs sensibilités et offrant à notre liberté un foisonnement d’héritages et d’inventions. Ce dialogue interculturel est notre horizon. Celui de notre imaginaire, celui de nos territoires.
Longtemps, les règles aveugles du marché ont menacé la diversité de la création. Dans le sillage du combat de Jack Ralite contre l’AMI (Accord multilatéral sur les investissements) à la fin des années 90, et de bien d’autres, la FNCC a défendu l’“exception culturelle” afin que les biens et services culturels échappent à la seule loi de la concurrence “libre et non faussée”, et que la puissance publique, Etats et collectivités, voient légitimé leur nécessaire soutien aux arts et à la culture. Ce soutien irrigue nos territoires d’initiatives et d’inventivité.
Hier, dans ce monde bouleversé par le primat de l’exposition numérique, le Parlement européen a su protéger le droit d’auteur face aux acteurs internationaux de l’industrie culturelle. Une victoire qui contribue à la viabilité de la vie professionnelle des acteurs culturels et des artistes sur nos territoires.
On peut – on doit – regretter la faible visibilité des enjeux culturels dans les élections européennes du 26 mai. Si l’Union européenne ne s’implique pas directement dans l’action culturelle, son rôle de régulateur – pour le respect de la propriété intellectuelle, de la circulation des personnes, du dialogue entre les peuples ou de la préservation du patrimoine – s’avère irremplaçable. Ce rôle est-il considéré à sa juste valeur ? Il n’est ni abstrait ni superflu. La régulation européenne est un gage essentiel de l’essor de la diversité de la création. Et, avec elle, de l’épanouissement de la liberté sensible de chacune et de chacun. Nous faisons confiance au nouveau Parlement européen pour continuer à protéger la création.