Danielle Buys, vice-présidente de la FNCC, signe l’éditorial de la Lettre d’Echanges n°175 (novembre 2019)
Les institutions culturelles et les artistes doivent radicalement modifier leurs pratiques : la question politique doit être mise au centre du débat pour “faire culture” ensemble, avec toutes et tous, pour réinterroger, réinventer le monde et ses représentations. Sur cette voie, il existe d’ores et déjà de nombreuses expérimentations, avec les tiers-lieux, les quartiers culturels créatifs, les approches participatives, le travail de bibliothèques dites 3e lieu… Des expériences essentielles pour construire une prise de décision partagée. On doit définir un sens commun, aller vers une co-construction entre collectivités et avec les forces vives des arts et de la culture afin de donner aux citoyens la possibilité d’inventer. On a besoin de rêver, ce qui est le rôle même de la culture.
Une autre voie de l’intelligence collective passe par la prise de conscience de la transversalité des enjeux culturels, lesquels concernent autant l’éducation que l’urbanisme, le social, etc. Ici, de nombreux programmes Action Coeur de Ville, qui croisent la dimension culturelle avec d’autres enjeux de revitalisation des centres-villes, constituent des exemples très intéressants.
Troisième piste de cette nécessaire intelligence collective culturelle, celle de favoriser le lien entre le public et le privé, que ce soit par le lien entre bibliothèques et librairies, entre cafés et ensembles musicaux, entre institutions culturelles et entreprises mécènes… L’intérêt culturel général n’appartient pas au seul champ de l’action publique.
Cela fait bientôt 60 ans que la FNCC se bat pour défendre les artistes et les structures culturelles. Je ne voudrais pas qu’on fasse le constat que rien n’a progressé. Aujourd’hui, nous devons ouvrir de grands chantiers porteurs d’idéaux, développer une nouvelle intelligence de la réalité en articulant sans cesse le présent, le passé et l’avenir..