La culture vient de perdre l’un de ses plus ardents combattants. Jack Ralite nous a quittés ce dimanche 12 novembre. Que ce soit en tant que maire d’Aubervilliers, ministre ou sénateur et, toujours, en tant que militant des arts et de la culture, il avait une manière incomparable, sensible, érudite, pleine d’humour et de poésie, et toujours convaincante de plaider pour l’exigence de l’imagination, le respect des artistes, la nécessité d’accompagner les voix de la création et le chemin de l’émancipation par la culture.
Plus qu’un homme de culture, il fut un véritable stratège, défendant à l’échelle européenne et internationale l’exception culturelle contre l’abandon des arts aux règles de la pure concurrence prôné par l’AMI (Accord multilatéral sur les investissements). Il savait convaincre, enthousiasmer. Ce qu’il a su faire en créant, dès 1987, les Etats généraux de la culture où sa parole illuminait les enjeux culturels.
Il citait, pour charmer tout en combattant, les paroles des poètes, soulignant la force politique des arts : « L’inaccompli bourdonne d’essentiel » (René Char). « Le poète n’est nécessaire que s’il demeure profondément inutile et inutilisable » (Philippe Jacottet). « C’est un homme redoutable, dangereux pour tous les politiciens. Lui, son arme tient dans la poche de sa veste, c’est un livre, un livre de poésie » (Octavio Paz).
Pour la FNCC, dont il a été l’un des principaux initiateurs, aux côtés de Michel Durafour qui vient aussi de nous quitter il y a peu, il fut un maître d’ouvrage attentif et exigeant, notamment en lui faisant porter le slogan du “1%” du budget de l’Etat pour la culture. S’il refusa d’en être le président – d’autres responsabilités ne lui laissant pas la disponibilité suffisante pour cette fonction –, il a toujours accompagné avec bienveillance son engagement, jusqu’à ces toutes dernières années.
Nous lui devons l’esprit même de notre Fédération. L’engagement. Un humanisme intransigeant, une intégrité attentive à la différence, une exigence irrépressible vis-à-vis de celles et de ceux qui assument une responsabilité politique, accompagnée d’une conviction profonde quant à l’impératif de la démocratie culturelle. « Chacun est un être singulier, le rêve c’est que ce singulier soit imbibé du collectif, ce collectif étant lui-même imbibé de tous les singuliers », disait Jack Ralite.
Nous continuerons à porter la voix de Jack Ralite. Nous continuerons à suivre ce chemin vers le partage de la sensibilité qu’il sut tracer et à en défricher les voies encore inexplorées.
Nous adressons aussi ici nos pensées solidaires, émues, à tous ses proches.
la FNCC