L’Observatoire des politiques culturelles (OPC) publie une note d’observation sur les opéras réalisée au travers d’une enquête auprès de 22 établissements membres de la Réunion des opéras de France (données chiffrées de 2016 et 2017). Une étude qui montre le grand attachement des villes à leurs maisons d’opéra ainsi qu’une montée en puissance des financements des EPCI, notamment des métropoles. Quelques données financières.
Globalement, le produit des opéras (516M€ pour ce qui est des 22 opéras sur 25 répondants) provient à 63% de subventions publiques (67% pour la moyenne européenne), les recettes propres s’élevant à 26,8%. Le reste du financement est issu à 6,5% de produits divers et à 3,7% du mécénat.
Des proportions à reconsidérer en mettant de côté le cas très particulier de l’Opéra national de Paris – le plus grand établissement d’Europe (soit 38% de la masse totale des produits). Alors, la part des subventions publiques s’élève à 77%, celle des recettes propres baissant à 20,4% et celle du mécénat ne représentant plus que 1,4%.
Les villes sont très attachées à leur opéra, qui reste l’institution privilégiée.
La provenance des subventions publiques se répartit comme suit : le “bloc communal” en fournit 72% (45% de la part des communes et 27% des EPCI), l’Etat 16%, les Régions 9% et les Départements 3%. L’OPC souligne que, proportionnellement, la contribution des Villes pour leurs opéras va bien au-delà de leur contribution à l’ensemble des dépenses culturelles. « Les villes sont donc très attachées à leur opéra, qui reste l’institution privilégiée. »
Croissance de l’engagement des EPCI. Si l’effort du bloc communal a légèrement faibli entre 2016 et 2017, sa croissance au sein des EPCI est nette : 37,3M€ en 2013, 54M€ en 2015 et 72,5M€ en 2017, soit 27% de leurs dépenses culturelles. Pour l’OPC, cette hausse serait en partie liée à l’augmentation de l’engagement culturel des métropoles, très attentives à des institutions culturelles à fort rayonnement territorial, voire national et international, ainsi qu’à un meilleur partage des charges entre elles et les villes-centres. De ce point de vue, on peut estimer que les opéras ont globalement bénéficié d’une réforme territoriale qui a à la fois agrandi la taille des EPCI et favorisé la création des métropoles (loi Maptam).
Et les régions ? Si « les vastes ensembles qui ont résulté de la récente fusion de certaines régions ont entraîné de redoutables problèmes de gouvernance », l’étude constate un réel « dynamisme budgétaire » régional en faveur de la culture. Les régions fusionnées Hauts-de-France, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine ont annoncé en 2017 des « hausses spectaculaires » de leurs budgets culturels.
Pour autant, cet engagement n’a que modérément bénéficié aux maisons d’opéra : croissance de 8,2% des budgets régionaux pour l’Opéra de Lille (alors que le budget culturel global des Hauts-de-France a cru de 15%). Mais stagnation pour les opéras de Bordeaux, Toulouse et Montpellier, le budget culturel global de l’Occitanie ayant lui augmenté de 18%. A la différence des EPCI, la fusion des régions n’a pour le moment pas significativement modifié le niveau de soutien régional aux maisons d’opéra. A quoi il faut ajouter que l’effort financier des départements continue de « se dégrader ».
Ratio subvention/spectateur. Hors Opéra national de Paris, l’Etat dépense 22€ par spectateur (moins que les 28€ pour les scènes nationales et que les 60€ pour les Centres dramatiques nationaux, précise l’OPC). En agrégeant l’ensemble des subventions publiques (hors établissements parisiens), le coût de la place revient à 138€ pour la puissance publique. « Il est donc indéniable que l’opéra reste, dans l’ordre du spectacle vivant, à la fois l’institution qui rassemble le plus de spectateurs (2,4 millions) et celle dont la dépense publique est la plus élevée. »
Mais à qui bénéficie cette générosité des financements publics ? La note ne donnant pas de chiffre sur la composition socio-économique des spectateurs des opéras, il reste pour l’heure difficile d’en juger avec précision…