La FNCC a relayé auprès de ses collectivités adhérentes un questionnaire à propos de leurs initiatives pour assurer la continuité des actions d’éducation artistique et culturel rédigé par le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle dont la FNCC est membre. Plus d’une vingtaine de collectivités y ont apporté des réponses précises et développées. Des témoignages précieux et d’avenir.
Par nature, l’éducation artistique et culturelle est une activité de médiation en direction des écoles fondée sur le contact entre intervenants, enseignants et élèves. Un principe impraticable en période de distanciation sociale et de fermeture des écoles. Pour maintenir une certaine continuité de l’EAC, il a fallu transformer le contact direct en lien numérique, ce à quoi ce sont employés avec efficacité l’ensemble des acteurs. Les retours des questionnaires fournissent plusieurs enseignements.
Maintenir le contact. L’EAC proprement dite est difficilement gérable à distance, excepté pour certaines actions, notamment dans le domaine de l’audiovisuel ou pour des ateliers spécifiques comme une pratique de slam par smartphone. De manière générale, la dématérialisation de l’EAC exige une coordination volontariste entre intervenants, artistes en résidence et enseignants de l’Education nationale qui, par-delà la sur-mobilisation tant des professeurs que des élèves pour gérer l’école à distance, peut s’avère parfois enthousiasmante pour tous, parfois plus difficile. Les Dumistes, spécialistes du lien entre les conservatoires et les écoles, peuvent ici être des acteurs importants. Mais, dans la plupart des cas, il s’agit davantage de maintenir les contacts pour être en situation de reporter les initiatives d’EAC à l’après crise sanitaire.
A souligner cependant une réelle continuité numérique de certains projets – avec notamment un exemple d’atelier danse et numérique où les élèves dansent avec leurs mains et postent leur chorégraphie filmée par téléphone sur la plateforme collaborative de la compagnie en résidence. Ou encore le maintien à distance des plans lecture, musique-danse-théâtre, patrimoine grâce au services de la Ville.
Consommation culturelle éducative. Mais dans la majorité des cas, la situation de confinement oblige à transposer virtuellement ses trois “piliers” que sont la rencontre avec les œuvres et les artistes, la pratique artistique et les connaissances.
La rencontre avec les œuvres et les artistes et l’acquisition de connaissances sont englobées au sein d’une offre culturelle en ligne qui, au-delà de sa fonction générale de nourrir d’art et de culture le temps du confinement, est déclinée sous une approche fortement pédagogique. La plupart des Villes tablent ainsi sur une “consommation éducative” : apprendre tout en se divertissant. Une approche qui ne s’adresse pas à telle ou telle école, à telle ou telle classe mais à la population en générale et aux jeunes en particulier.
Les bibliothèques, en lien avec les services culturels des collectivités locales, sont les principaux pilotes de cette offre culturelle particulière – ainsi, telle bibliothèque a créé une page “Se cultiver à la maison” – qui est souvent également porteuse d’invitations à une expérimentation directe des expressions artistiques. Quelques exemples :
- Proposition quotidienne sur Facebook d’une idée d’activité culturelle à pratiquer à la maison.
- Ecriture de chansons/percussions corporelles à partir de vidéos d’artistes à poster sur un site participatif dédié.
- Dessins et poèmes d’enfants pour accompagner les paniers repas distribués aux personnes isolées.
- Ecriture de textes avec des jeux de rôle à s’entraîner à la maison à partir d’un questionnaire “Comment vivez-vous le confinement ?”
- Construction de l’offre culturelle en période de confinement sur le principe des trois “piliers” de l’EAC.
- Proposition aux élèves de différentes classes de réaliser un petit carnet de dessin autour d’une thématique commune…
La pratique artistique, elle, est essentiellement transposée numériquement pour les élèves des établissements d’enseignement artistique spécialisé. Cette continuité pédagogique effective témoigne de l’engagement des professeurs de conservatoires et de l’attachement de leurs élèves à leur pratique musicale.
Climat culturel général. Si la conjugaison de ces des deux types d’actions – offre culturelle éducative et continuité pédagogique – ne remplace pas les dispositifs de l’EAC vis-à-vis des scolaires, elle créée une sorte de climat culturel général d’une grande intensité propre à susciter une attente et un appétit culturel sans doute inédits. Quand le déconfinement sera devenu réalité, les expériences artistiques et culturelle vécues en temps de crise seront autant de gages pour une reprise facilitée de l’objectif du “100% EAC” que promeut le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle.
Des innovations durables. Un autre enseignement positif s’impose. L’agilité et l’inventivité dont font preuve les professionnels des conservatoires, des bibliothèques ou encore de musées ou de cinémas ainsi que l’implication des services culturels des collectivités pour s’adapter à une action culturelle et pédagogique en “abstentiel” est un acquis durable. Les réponses en ligne initiées dans l’urgence et affinées à la hâte ont non seulement pour la plupart bien fonctionné, mais elles ont aussi tracé des perspectives d’enrichissement culturel et pédagogique qui seront amenées à se développer au-delà de la crise sanitaire. Un bilan à venir et un partage d’expérience s’avéreront très riches. Quelques exemples :
- Un cinéma (mono-écran) a choisi de proposer sa programmation en VOD pendant la période de confinement, une offre qui se prolongera au-delà afin de valoriser des films restés trop peu longtemps à l’affiche.
- Les équipes d’un pôle culturel se sont rapidement organisées pour assurer le maintien du lien avec l’usager, d’où un renforcement du travail en mode projet au sein des équipes qui est amené à devoir perdurer…
Les réponses au questionnaire font apparaître la force de la complémentarité entre offre culturelle, pratique artistique et intervention d’EAC qui est aussi une complémentarité entre bibliothèques, établissements d’enseignement artistique spécialisé et services culturels des collectivités. Une « photo » prise en période de confinement et de recours massif aux outils numériques porteuse d’avenir.
Les questions du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle :
- Avez pu mettre en place des mesures pour la continuité de l’offre en éducation artistiques et culturelle, et si oui lesquelles (lien éventuel) ?
- Pouvez-vous décrire en quelques mots cette offre et les modalités de participation à votre (vos) proposition(s) ?
- Pouvez-vous nous dire, en quelques phrases, comment la mise en oeuvre s’est effectuée (leviers et appuis, difficultés, partenaires éventuels) ?
La FNCC remercie les collectivités suivantes d’avoir répondu au questionnaire du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle : Aix-en-Provence, Arles, Auxerre, Cergy, Gap, Givors, Jarny, L’Arbresle, La Tronche, Lacanau, Lille, Moëlan-sur-Mer, Montélimar Agglomération, Nancy, Rambouillet, Saint-Pierre (Réunion), Saint-Quentin-Fallavier, Sceaux, le département de l’Yonne et les régions Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire.