La Journée internationale du 8 mars est un moment symbolique international pour rappeler la nécessité de faire progresser les droits des femmes. Un enjeu dont les dimensions sont à la fois sociales, économiques, politiques mais aussi culturelles : les arts et la culture constituent des vecteurs puissants de mise visibilité du rôle des femmes dans notre société et des outils essentiels de lutte contre les stéréotypes genrés. Quelques initiatives nationales ou territoriales.
Message de la directrice générale de l’Unesco. Dans son message pour l’édition 2023 de la Journée internationale du 8 mars, placée cette année sur le thème de l’innovation et la technologie au service de l’égalité des genres, Audrey Azoulay rappelle un contexte international dramatique : « Le chemin vers un monde d’égalité entre les sexes est incertain, car les progrès accomplis pas à pas, de génération en génération, peuvent être anéantis du jour au lendemain. Les femmes et les filles d’Afghanistan le savent bien. Elles qui, en l’espace de quelques mois, ont été dépossédées de leurs droits les plus fondamentaux, notamment de leur droit à l’éducation. »
Soutien des réseaux d’art à la contestation en Iran. Le musée d’Art moderne de Paris, le Palais de Tokyo, le Palais de la Porte Dorée ainsi que l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts distribuent gratuitement aux institutions culturelles des affiches pour illustrer, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, leurs façades et leurs espaces intérieurs au signe du soutien à la contestation du régime de la République islamique d’Iran. Une quinzaine de lieux parisiens et franciliens les arborent ainsi que de très nombreux établissements en région, à Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Lille, Cherbourg, Alençon, Poitiers, Arles, Caen… Les affiches sont en téléchargement libre. Plus d’informations.
Angers : un musée des Féminismes. Dans le cadre du déploiement d’un plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, présenté le 7 mars (communiqué et dossier de presse), la Première ministre a annoncé, à l’horizon 2027, la création d’un musée des Féminismes en lien avec l’Université d’Angers – qui abrite un Centre des archives du féminisme –, car « la France ne compte aucune institution qui valorise l’histoire des luttes pour l’émancipation des femmes et contre les discriminations liées au genre ». A cet objectif de l’axe “Culture de l’égalité”, le plan interministériel en ajoute un second : « Dans le cadre de la politique contractuelle entre l’Etat et les collectivités territoriales (contrats territoire lecture, contrats départementaux lecture, Premières pages), inciter les collectivités à développer collections et médiations promouvant l’égalité femmes-hommes. »
Strasbourg : une place en hommage à Gisèle Halimi. Le 8 mars, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, inaugure la nouvelle place Gisèle-Halimi nommée en 2021 après délibération du conseil municipal et sur proposition de la Commission de dénomination des rues et des écoles. Cette décision constitue une manière de rappeler l’importance de la visibilité des femmes dans l’espace public. A noter que la place Gisèle-Halimi sera le point de départ de la marche festive pour l’égalité et que tout le mois de mars sera animé par une programmation titrée “En scène pour l’égalité”, portée par la Ville et les associations locales engagées dans la lutte pour les droits des femmes. Plus d’informations.
La Rochelle : festival “Des Elles ». Tout au long du mois de mars, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le 14e Festival “Des Elles” invite à déconstruire les préjugés et stéréotypes de genre. Thématique : “La place des femmes dans l’espace public”, une place souvent soit invisibilisée soit sexualisée. Avec une quarantaine d’événements allant d’une exposition à des ateliers de défense physique et verbale féministes, d’un ciné-débat à la visite d’un “village féministe”… Avec le soutien de la Ville, du Département et de la Région. Plus d’informations.
Dole : « Et pendant ce temps, Simone Veille ! » Proposée par la Ville de Dole, le 8 mars, cette pièce de théâtre – écrite par l’auteure et actrice doloise Trinidad/Fabienne Chaudat – retrace, dans le registre humoristique et en chansons, l’évolution de la condition féminine en France. La célébration de la Journée internationale des droits des femmes par la municipalité se traduit également par une visite guidée, organisée par le service du patrimoine, dédiée aux Doloises qui ont marqué de leur empreinte l’histoire ou le patrimoine de Dole ainsi que par l’exposition de photos “Les Doloises célèbres ou remarquables”. Plus d’informations.
Orchestre des Pays de Savoie : « Programmathon-compositrices ». Pour mettre à l’honneur les femmes compositeurs (image : Elisabeth Jacquet de la Guerre, 1665-1729), l’Orchestre de Savoie recourt à la base de données “Demandez à Clara” (2 000 fiches compositrices) du centre de ressources Présence Compositrices. Avec des concerts, des expositions, conférences, ateliers et rendez-vous numériques, cette saison qui s’appuie sur une programmation participative a été initiée le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Plus d’informations.
« Elles, féminin pluriel » à Vannes. Tout au long du mois de mars, la Ville de Vannes organise des événements explorant la place de la femme dans l’histoire de l’art : dans les médiathèques (exposition et ateliers autour de l’album Cap ! de Loren Capelli), les musées (conférences sur “La place de la femme dans les collections du musée des Beaux-Arts”, jusqu’au 12/03), au Conservatoire (concert d’œuvres de compositrices, 16/03), aux Archives (exposition “Les violences faites aux femmes dans les documents d’archives”, jusqu’au 31/03)… Plus d’informations.
Publication statistique
La part des femmes dans le champ culturel. La 11e édition de l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication (Département des études, de la prospective et des statistiques/DEPS du ministère de la Culture) – publié chaque année le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes – « mesure les progrès réalisés mais aussi les freins qui perdurent ». Le constat est à un certain immobilisme : si l’accès aux postes de direction et aux moyens de production progresse (avec des résistances dans les grandes entreprises), le cinéma et l’architecture consacrent moins les œuvres féminines et leurs réalisations restent moins visibles, moins acquises et moins programmées que celles des hommes sur scène et dans les médias. Enfin le nombre de femmes accédant à la professionnalisation culturelle et artistique reste décorrélé de leur présence majoritaire (63%) dans les écoles supérieures.