Située dans les Pyrénées-Orientales, la commune de Bompas – 7 350 habitants – fait partie de la vaste communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole (près de 270 000 habitants). Une commune très bien située, proche des ressources d’un grand centre urbain mais aussi à quelques kilomètres de la mer et de la montagne. La nouvelle équipe municipale a choisi de placer la culture au cœur de son projet politique. Une perspective décrite par Sylvie Trotin, maire-adjointe en charge du développement culturel, des associations culturelles et de l’action au service de tous, qui peut s’appuyer sur une intense vie culturelle associative, une grande attente des habitants et surtout une forte volonté politique.
La nouvelle équipe municipale de Bompas s’inscrit-elle dans la continuité de la précédente ou en rupture ?
Madame le maire, Laurence Ausina, était déjà maire-adjointe, en charge de la culture, dans la précédente mandature. Mais pour l’ensemble des autres adjoints et conseillers municipaux, ce sont tous de nouvelles personnalités. Donc une unité politique, mais avec un grand renouvellement des élus. Ainsi, pour ce qui est du conseil municipal, on est au-delà de la continuité, avec une véritable envie de renouveau.
Le mandat à la culture relève-il d’un choix de votre part?
C’est le champ d’action politique qui me plaît le plus. Cela fait déjà plus de trente ans que je participe à la vie associative de Bompas. Quand Laurence Ausina m’a proposé ce poste, j’ai accepté avec joie, d’autant plus que j’avais envie de faire évoluer la commune sur le plan culturel.
Est-ce un premier mandat ?
J’étais déjà élue dans l’opposition. Aujourd’hui, toutes les sensibilités sont représentées au conseil municipal. Nous nous sommes présentés sans étiquette politique, comme une liste “citoyenne” pour le renouveau de Bompas.
Comment décririez-vous la particularité de votre territoire…
La commune de Bompas est très bien située. Nous sommes à 4km de Perpignan et à environ 8km des plages. La proximité d’un centre hospitalier fait également que nous accueillons beaucoup de personnel médical. Autre caractéristique, celle-là d’ordre patrimonial : dans l’Antiquité, la Via Domitia, qui reliait l’Italie à la péninsule ibérique, traversait la commune, d’où un trésor de monnaies gauloises et romaines qui fait partie des légendes du village.
Avec la proximité des plages, est-ce une ville touristique ?
Bien peu. Précisément, l’un de nos objectifs consiste à mettre en valeur le patrimoine dont nous disposons pour attirer les touristes. De ce point de vue, tout reste encore à faire mais nous allons nous y atteler, ce à quoi contribuera aussi la volonté du premier adjoint, en charge de l’urbanisme, des festivités et de la communication, avec lequel je suis pleinement en phase sur ce projet. Pour ma part, je suis en charge des festivités et du développement culturel au sens plus artistique du terme – la musique, le théâtre, les expositions – même si des liens étroits peuvent contribuer à rejoindre les deux aspects de mon mandat, comme par exemple avec les activités festivalières. Avec là encore un impact souhaité pour l’attractivité de la commune.
Quelle est à votre sens, la fonction d’une politique culturelle au sein d’un projet politique municipal ?
Une importante place de la culture dans un projet politique municipale témoigne à mes yeux du dynamisme de la commune : intégrer un projet culturel, c’est se rehausser. Jusqu’à présent, cette dimension de la politique locale n’était que peu présente en tant que telle, d’où le fait que pour nous tout est nouveau.
Cette volonté pourra pleinement s’appuyer sur celle de notre maire. C’est la première fois que le projet politique de la ville prend réellement en compte la dimension culturelle. Et c’est la raison pour laquelle nous avons immédiatement adhéré à la Fédération nationale des collectivités pour la culture qui propose entre autres, des formations qui m’intéressent beaucoup car elles me permettent de mieux envisager les possibles. Je me suis donc inscrite à plusieurs visioconférences. C’était formidable ! Et ce d’autant plus que nous avons un gros projet pour Bompas pour lequel on aura besoin de la Fédération pour nous orienter. J’ai déjà pris connaissance de très belles initiatives conduites dans des petites communes.
Quelles sont les principales lignes de force de votre projet culturel ?
Nous disposons d’un très beau lieu, le Mas Pams, avec des bâtiments anciens et un grand parc, dans lequel nous projetons d’installer une Maison des associations ainsi qu’un Centre culturel qui regroupera la bibliothèque et un petit musée encore à créer, avec un espace d’expositions. Voilà notre grand projet culturel pour ce mandat. Pour le moment, notre petite bibliothèque est au centre du village et les associations réparties dans divers bâtiments municipaux.
Il y a une réelle attente, même si je ne sais pas s’il s’agit d’une attente de culture proprement dite. Quoi qu’il en soit, une impatience à être ensemble, à se retrouver. Ma priorité est de faire de Bompas une ville culturelle.
Les notions de droits culturels, de participation structurent-elles votre projet ?
Nous sommes très l’écoute et réalisons des sondages auprès des habitants pour leur demander ce qui les intéresse – d’ailleurs les personnes viennent aussi d’elles-mêmes, demandent rendez-vous pour savoir s’il serait possible de faire ceci ou cela. Nous voulons faire participer toutes celles et ceux qui portent des projets.
Avez-vous à la mairie un service culturel ?
Non il n’y en a pas mais le Point Accueil Solidarité coordonne les projets et propose également des ateliers, notamment culturels, selon les souhaits des habitants. Les demandes sont ensuite relayées auprès de la mairie. Notre Service Enfance Jeunesse est également moteur en termes de développement culturel. Donc pas de service culturel proprement dit ; mais ces trois appuis – l’adjoint à la culture, le Point solidarité et le Service Enfance Jeunesse – forment notre équipe dédiée à la culture, avec bien sûr l’appui de la maire qui, pour la première fois, a instauré un budget spécifique dédié à la culture.
Est-ce difficile de défendre la culture auprès du conseil municipal ?
Aucunement. Toute l’équipe partage l’objectif d’ouvrir la culture à tout le monde. D’où notamment la décision d’adhérer à la FNCC.
Ressentez-vous une attente de la population… ?
Oui. Les gens sont demandeurs de manifestations. Nous avions donc projeté de proposer une animation tous les mois, ce que le confinement n’a pas permis. Mais nous avons quand même eu le temps d’organiser tous l’été les “Mardis de Bompas”, des rendez-vous festifs, le soir. Il y a une réelle attente, même si je ne sais pas s’il s’agit d’une attente de culture proprement dite. Quoi qu’il en soit, une impatience à être ensemble, à se retrouver.
On dit parfois que la présence de vie culturelle redonne un sentiment de fierté…
C’est bien ce que je ressens. Ma priorité est de faire de Bompas une ville culturelle. Si, dans mon mandat, nous arrivons à inaugurer cette Maison des associations, ce sera déjà très bien. Un point de départ.
Les associations tiennent une place importante…
La commune les soutient financièrement et on compte en effet sur elles pour participer aux manifestations. On leur proposera aussi de s’associer aux commissions de réflexion ; leurs idées et leur expérience peuvent beaucoup nous apporter. Nous avons d’ailleurs déjà recours à elles, par exemple pour le Téléthon. Elles animent également la fête annuelle qui a lieu dans notre Parc de loisirs et de sports. L’un de nos objectifs pour la Maison des associations serait de pouvoir les accompagner dans leurs démarches administratives et leur communication.
Au-delà des associations, nous avons d’autres ressources culturelles, dont le “Printemps des arts” qui se tient chaque année : une exposition ouverte à tous les talents artistiques de la ville, à laquelle sont notamment associés les établissements scolaires, avec cette année l’inauguration d’un Salon des Artistes – une action qui sera pérennisée. Et encore une antenne du Conservatoire de Perpignan, à rayonnement régional, avec un très bel auditorium.
Quels sont vos rapports avec les autres communes de la Métropole ?
Les rapports avec la communauté urbaine, qui réunit 36 communes, sont très conviviaux, d’autant plus que notre maire en est vice-présidente. Pour ce qui est des liens avec d’autres communes, j’ai en projet de les contacter pour leur suggérer d’adhérer à leur tour à la FNCC. Et peut-être même d’envisager un projet culturel de territoire.
Avez-vous pris contact avec la DRAC ?
Je vais en effet prendre contact avec la DRAC Occitanie pour des aides à des projets culturels, en particulier pour la mise en valeur du patrimoine. Côté spectacle vivant, nous avons en prévision, pour 2021, un festival de l’humour. Nous aimerions aussi nous engager dans un jumelage avec une autre municipalité d’Occitanie et/ou avec une commune d’un pays étranger. Nous solliciterons également une aide et des conseils pour ce projet.
Je voudrais également citer un spectacle, dont nous voudrions pérenniser le principe, autour de l’histoire de la Nativité, que nous appelons ici le “Pessèbre”. Il s’agit d’un grand spectacle réunissant 150 acteurs bénévoles avec, comme seuls professionnels, les techniciens son et lumière. Il est prévu pour le mois de décembre, avec des représentations lors de deux week-ends. Si la situation sanitaire le permet, cette année sera celle de la première édition du spectacle. D’un point de vue culturel, tout est nouveau à Bompas !
Propos recueillis par Vincent Rouillon