Cent milliards d’euros, c’est le montant global du plan de relance pour une économie malmenée par la persistante épidémie de covid-19. Sur cette somme, 2Mds€ (soit 2%) seront destinés à la culture, dont 432M€ pour le spectacle vivant. Telle est l’annonce faite par le Premier ministre et la ministre de la Culture, le 27 août, lors d’une réunion avec des structures représentatives des secteurs professionnels de la culture. Détail du “Plan de soutien au spectacle vivant”.
Au lendemain de la réunion du 27 août, le ministère de la Culture a publié un communiqué (28/08) traçant les grandes lignes de l’affection des 432M€ alloués au “Plan de soutien au spectacle vivant” pour l’aider à surmonter la crise sanitaire. Avec trois objectifs prioritaires :
- une reprise d’activité adaptée aux mesures sanitaires en vigueur (à noter qu’au-delà des aides financières, et en anticipation du décret du 29 août, les artistes sur scène seront exemptés de l’obligation de distanciation physique),
- un soutien aux entreprises culturelles, privées comme subventionnées, ainsi qu’aux artistes auteurs,
- le rétablissement de la confiance pour favoriser le retour du public dans les salles.
Aides financières dédiées
Afin d’atteindre ces objectifs, le ministère structure ses aides en distinguant le spectacle vivant privé (220M€), le secteur subventionné (200M€) et les aides à l’emploi et aux artistes-auteurs (12M€) – auxquelles s’ajoutent un programme exceptionnel de commande artistique (30M€). Dans un deuxième temps, le communiqué détaille les mesures selon les champs du théâtre ou de la musique.
Pour le spectacle vivant privé (210M€), les acteurs de la musique (producteurs, auteurs, diffuseurs) bénéficieront de 200M€ de crédits que gérera le Centre national de la musique (doté de 10M€ supplémentaires). Ceux du théâtre verront abonder de 10M€ le fonds d’urgence aux théâtres privés et aux compagnies non conventionnées, géré par l’ASTP (Association pour le soutien du théâtre privé).
Pour le spectacle vivant subventionné (200M€), les aides se répartissent comme suit :
- 120M€ pour les opérateurs nationaux dont les ressources propres ont massivement chuté,
- 30M€ pour les opérateurs régionaux de théâtre, danse, arts de la rue et cirque (à quoi s’ajoute 20M€ pour « encourager la transition écologique des institutions de création en région »),
- enfin, par-delà les aides aux institutions nationales ou régionales, un fonds de 30M€ viendra accompagner les artistes eux-mêmes (ensembles et orchestres) ainsi que les festivals.
Pour le soutien direct à la création et à l’emploi (12M€), le plan prévoit 7M€ pour les artistes-auteurs du spectacle vivant et 5M€ pour conforter les moyens du Fonpeps (Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle).
Aides structurelles
A ces crédits dédiés, le plan de relance ajoute la prolongation de deux mécanismes décisifs pour la survie du secteur de spectacle vivant :
- la prolongation de l’activité partielle jusqu’au 31 décembre 2020,
- la prolongation du crédit d’impôt pour le spectacle vivant et du crédit d’impôt phonographique jusqu’au 31 décembre 2024 ainsi qu’un assouplissement temporaire des conditions permettant d’en bénéficier.
Le Gouvernement prévoit également, hors crédits du plan de soutien, une provision de 100M€ pour mettre en place un « mécanisme de compensation pour encourager la reprise d’activité des exploitants de salle de spectacle ». Cette aide, dont les conditions d’attribution doivent encore être discutées avec les professionnels, prend effet dès le 1er septembre et jusqu’au 31 décembre. Elle a vocation à compenser les pertes d’exploitation (“rattrapage des recettes”) liées à la persistance de mesures de distanciation dans les publics. Rappelons que la distanciation physique est maintenue dans les “zones rouges”, soit les départements sur lesquelles sont situées des grandes métropoles (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux) et donc où la vie culturelle est particulièrement dense.
Et les auteurs ? L’annonce du Plan de soutien au spectacle vivant a été globalement bien accueillie par les professionnels. A noter cependant la vive critique de la SACD, non conviée à la réunion du 27 août. Pour la SACD – qui vient de prolonger son “Fonds d’urgence Covid-19” dédié aux auteurs d’œuvres de spectacle vivant qui ne bénéficient pas du fonds de solidarité gouvernemental – « ces mesures économiques utiles de soutien et de relance du spectacle vivant ne peuvent toutefois pas suffire. Devant être complétées, elles devront surtout s’accompagner impérativement de dispositifs spécifiques garantissant des retombées et un appui directs pour les auteurs. » Sur le site de la SACD.
A noter que cette préoccupation de la société de perception de droits d’auteurs rejoint pleinement des préconisations du Sénat contenues dans son rapport d’information sur les conséquences de l’épidémie de Covid-19 (22/07). Rédigé par la présidente de la commission culture, Catherine Morin-Desailly, il souligne « la situation dramatique des artistes-auteurs » et en appelle à la création d’un fonds d’urgence commun à l’ensemble des artistes-auteurs, la crise sanitaire ayant ainsi pu être « une occasion de reconnaître l’apport essentiel de cette profession au monde de la culture ». Le plan de soutien au spectacle vivant cite certes les artistes-auteurs du spectacle vivant (compositeurs, auteurs dramatiques…) mais sans pour autant faire apparaître une claire prise en compte financière spécifique de leurs difficultés propres…