Déborah Münzer, présidente de la FNCC, signe l’éditorial de la Lettre d’Echanges n°155 (septembre 2017)
A la FNCC, nous pensons que l’action politique n’a pas (tout au moins pas encore !) été absorbée par la “machine-technocratie” ou le “tout-économique”.
La culture est liée au développement de la société et à tous les aspects du comportement humain. Elle constitue cet espace collectif que nous créons, consciemment ou non, au sein de nos villes et territoires. La liberté, la volonté et les choix doivent refonder les politiques de la culture pour les mettre au coeur du politique et de nos actions d’élus locaux et territoriaux. Telle est bien
l’essence même de l’engagement politique : faire primer la liberté et la volonté.
Avec les nouvelles organisations territoriales, on assiste à une dévalorisation du politique… On entend même parfois dire que nos politiques en faveur de la création artistique ne serviraient à rien, comme s’il s’agissait de dépenses d’agrément. Eh bien non ! Certes l’art ne sert à rien. Il extériorise un sentiment, une pulsion, un détail de l’homme ou du monde. Et c’est justement pour cela qu’il faut le défendre ! L’art, heureusement, n’est pas utile à l’homme. Il est pour lui une nécessité. Si l’art devait être utile, qui aurait inventé la poésie, les chansons d’amour ? Sa valeur n’est pas dans son utilité mais dans sa capacité à étonner et à émouvoir. A nous faire vivre.
Nous sommes donc engagés dans ce combat. Les arts et la culture sont au coeur de toute action politique. Pour remplir son rôle d’écoute, d’invention et de partage, une politique culturelle doit être pensée politiquement. Elle ne doit pas être simplement administrée, mais contribuer à tracer la conception même de la société dans laquelle nous souhaitons vivre. La mission des élu-e-s à la culture ne peut pas se réduire à des inaugurations et à la gestion des équipements et des budgets. Leur mission est bien de faire de la politique.