Le laboratoire d’idées du Centre national de la musique (CNMLab) publie un rapport sur le devenir des Scènes de musiques actuelles (SMAC) et leur capacité à faire face aux transformations et aux défis auxquels la société française est confrontée dans son ensemble. Emmanuel Pidoux (conseiller pour la création artistique au ministère de la Culture) et Philippe Teillet (maître de conférences en science politique) appuient leur étude sur 27 entretiens réalisés avec des équipes de SMAC labellisées ou en cours de labellisation.
De l’attractivité des emplois. Les SMAC font face à de réelles difficultés de recrutement qui sont multicausales et variables selon les postes. Ces difficultés se traduisent par un nombre moins élevé de postulants mais il faut noter que « les postes parviennent à être pourvus […] par des personnes disposant des compétences requises ». Par ailleurs, le rapport met en avant qu’un turn over mesuré permet de « garder un équilibre entre personnels expérimentés et nouvelles recrues ». En effet, s’il apparaît important de renouveler les équipes pour les diversifier et apporter de la nouveauté, une équipe stable donne l’image d’une structure de qualité en termes d’ambiance de travail et où les salariés et salariées montent en compétences.
Les nouvelles générations et le renouvellement des pratiques musicales. Les SMAC sont en veille permanente quant aux évolutions des pratiques des nouvelles générations et investissent, par exemple, les moyens de communication privilégiés des jeunes. La problématique de l’adaptation des structures serait plutôt celle d’un « cap » que d’un « gap » générationnel selon le rapport. Et ce cap pourrait être passé en réaffirmant la dimension politique et citoyenne des SMAC dont les composantes sont « le vivre-ensemble, la formation du citoyen, l’expressivité, l’émancipation [et] la découverte des métiers du spectacle ». De ce point de vue, elles insistent sur le manque, dans certaines structures, d’espaces d’accueil pour les scolaires ou encore de lieux de convivialité par exemple.
Perspectives d’avenir. De manière générale, il n’y pas de remise en question du cadre réglementaire défini par la loi LCAP. Il est, à l’inverse, mis en avant un attachement fort des SMAC aux trois axes qui le composent : « la création/production/diffusion de musique ; l’accompagnement des pratiques musicales professionnelles et amatrices ; l’action culturelle ». Cependant, le rapport montre que les équipes perçoivent un trop grand décalage entre les moyens alloués par l’Etat et l’étendue des missions des structures d’où le rôle essentiel des collectivités territoriales. Enfin, il apparaît que l’utilisation d’un label unique pour des situations très hétérogènes interroge.
Dans leur conclusion, les auteurs du rapport expliquent que l’inquiétude la plus prégnante dans les entretiens réalisés est bien celle des « contraintes budgétaires pesant sur les SMAC comme sur leurs partenaires publics [qui] risquent de mettre en péril, parmi leurs missions, celles qui relèvent le plus de l’intérêt général et parfois du service public ». Pour éviter de ne faire subsister que les fonctions de diffusion, il serait donc important d’aider, notamment financièrement, les structures à porter des projets axés sur les aspects politiques et citoyens.