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L’action des labels de la création dans les zones rurales

Par 30 janvier 2024Aucun commentaire

Avant l’été, le ministère de la Culture a chargé l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) de réaliser une enquête nationale sur les actions que les 367 structures de création labellisées mènent sur les territoires ruraux. Une délégation de la FNCC composée de Jessie Orvain (communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie), Yves Lecoq (Arbois) et Yves Dumoulin (Fareins) a notamment été auditionnée. Quelques éléments.

Rôle exemplaire des Smac et des scènes nationales. Bien que constatant que l’implantation des structure labellisées est à 89% urbaine – un maillage qui « répond à une logique de peuplement plus qu’à une logique spatiale » –, le rapport se félicite de leur travail dans les territoires ruraux, et tout particulièrement de celui des scènes de musiques actuelles (Smac) et des scènes nationales, via des résidences d’artistes, des ateliers de culture, des actions d’EAC ou encore au travers de l’itinérance artistique et culturelle.

A noter également que la sortie du rapport de l’IGAC coïncide avec l’annonce récente plan du “Printemps de la ruralité”. L’état des lieux qu’il dresse ainsi que ses sept recommandations nourriront cette nouvelle stratégie qui doit se déployer dans le cadre du dispositif plus large “France ruralités” pour aboutir avant l’été à des Etats généraux de la culture en territoires ruraux.

Le moment opportun. Les inspecteurs identifient trois raisons qui font du développement de l’action des structures labellisées dans les zones rurales une priorité :

  • la nécessité d’y affirmer la présence du service public de la culture face au sentiment d’abandon que leurs habitants peuvent parfois ressentir,
  • leur dynamique d’attractivité, renforcée par la crise sanitaire,
  • les potentiels qu’ils offrent, en termes de publics, d’expérimentation et d’esthétique.

Une relation apaisée entre les collectivités et les structures labellisées par l’Etat. Rappelant que, depuis son origine, l’action culturelle de l’Etat se conjugue toujours avec celle des collectivités, le rapport se félicite des “relations apaisées” des différentes natures de pouvoirs locaux avec les labels.

Certes « les métropoles ou les villes-centres sont parfois réticentes à accompagner l’action des labels, dont elles sont les premiers financeurs, dans des actions en direction des territoires ruraux » et les communautés de communes manifestent parfois « une volonté d’indépendance affirmée vis-à-vis des labels » pour leur préférer les dispositifs locaux. Pour autant, les Régions « formalisent parfois leur engagement en faveur de l’irrigation des territoires ruraux ». Quant aux Départements, « considérant que beaucoup d’initiatives et d’événements nés dans les communes échappent encore à l’observation », ils sont demandeurs de référents ruralité dans les DRAC et d’un outil statistique pour établir une carte globale de l’action culturelle dans les territoires. Une demande à laquelle le rapport nécessaire de répondre.

Les recommandations. L’enquête montre que, contrairement aux idées reçues, « la mission d’irrigation du territoire confiée aux labels est constamment réaffirmée dans les textes législatifs et réglementaires », notant cependant que les termes en sont insuffisamment précis. Ainsi, il ne s’agit pas d’inventer de nouveaux labels ou d’implanter de nouveaux équipements, mais de renforcer la visibilité de ce qui est accompli, notamment en en faisant une évaluation mais aussi en définissant de manière plus explicite les objectifs de la “mission d’irrigation territoriale” des labels de création en prenant en compte les spécificités locales. Et ce d’autant plus que « les contraintes qui pèsent sur le budget de l’Etat amoindrissent ses capacités d’intervention et le conduisent à faire preuve d’une attention particulière à la soutenabilité des projets labellisés, en privilégiant les financements impliquant plusieurs niveaux de collectivités territoriales (régions, départements, intercommunalités, villes). » Donc faire avec ce qui est, avec le maillage actuel, mais mieux et de façon plus concertée avec les collectivités.

Les inspecteurs formalisent sept recommandations, deux d’entre elles appelant à un renforcement du dialogue avec les associations et organisations de collectivités :

  • Mieux prendre en compte la ruralité dans les textes régissant les missions des labels en proposant deux chantiers aux collectivités : « introduire de façon plus explicite la prise en compte des zones rurales dans les engagements territoriaux des cahiers des missions et des charges des labels définissant le cadre des conventions pluriannuelles d’objectifs » et « travailler, label par label, à la structuration d’indicateurs communs afin d’identifier les actions conduites dans les zones rurales, complétées éventuellement dans les conventions pluriannuelles d’objectifs (CPO) d’indicateurs spécifiques à chaque structure ».
  • Renforcer les capacités d’ingénierie locale et la formation des élus ruraux, en lien avec les associations d’élus.

Autres recommandations :

  • Poursuivre les travaux engagés sous l’égide du Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Direction générale de la transmission, de territoires et de la démocratie culturelle (DG2TDC) afin de construire une « estimation robuste » de l’effort budgétaire global du ministère en faveur des territoires ruraux.
  • Mieux valoriser l’action des labels dans les territoires ruraux.
  • Prendre en compte les transports pour faciliter l’accès à la culture des territoires ruraux (notamment via le Pass culture).
  • Poursuivre le soutien financier à l’itinérance et aux résidences en milieu rural.
  • Mieux associer les labels à l’action des DRAC en faveur des territoires ruraux, notamment en lien avec les acteurs de la ruralité (Parcs naturels régionaux, foyers ruraux, lycées agricoles…) et davantage sur le principe de partenariat pluriannuels (et non par appels à projets).

Les inspecteurs se félicitent donc du travail effectué par les structures labellisées en territoires ruraux mais en regrettent le manque de visibilité. Ils incitent implicitement au développement d’un dialogue plus approfondi entre les professionnels, les collectivités et les DRAC pour le mettre en valeur et le renforcer. Une interrogation : sur cette voie, pourquoi ne pas citer les deux instances existantes de coopération à l’échelle régionale que sont les Conseils locaux des territoires pour la culture (CLTC) et les Comités régionaux des professions du spectacle (Coreps) ?


Télécharger le rapport
L’action des labels de la création dans les zones rurales