Florian Salazar-Martin, vice-président, souligne l’urgence de retisser les liens entre les acteurs de la filière cinématographique et les collectivités pour sauver le modèle du cinéma français, d’où ce rendez-vous avec l’Association française des cinémas Art & Essai (AFCAE) mais aussi l’organisation d’un débat au Festival de Cannes ainsi qu’un projet de Guide sur le cinéma à destination des élus. C’est d’autant plus essentiel qu’on entend beaucoup annoncer la fin du cinéma en salle…
Un retour des publics encourageant. Pour l’AFCAE, cette prédiction est le résultat d’une focalisation des médias sur des difficultés qui sont déjà pour partie dépassées. Ainsi, la fréquentation des cinémas Art & Essai a progressé de 20% ce mois d’avril 2023 par rapport à la moyenne du même mois des année 2017 à 2019, soit avant la période de la crise sanitaire. L’effet plateforme de streaming (Netflix) n’a pas réellement fonctionné. Pour les multiplexes, en revanche, des difficultés persistent.
Cette résilience des salles indépendantes tient notamment à l’important travail de médiation et de lien social qu’elles ont entrepris ainsi que de la qualité de leur accueil des publics. De fait, on observe une différence de plus en plus nette entre les salles qui s’en tiennent purement à l’événementiel et celles qui développent un réel lien avec leurs publics comme le font les cinémas Art & Essai, notamment en direction des jeunes.
Le président de la FNCC, Frédéric Hocquard, remarque que ce chiffre encourageant pour le cinéma indépendant est à l’inverse de ce qui se passe dans le domaine de la musique, où les grosses salles tels que les Zéniths ont retrouvé leur niveau de fréquentation pré-Covid alors que les petites sont à la peine.
Ne pas “laisser glisser” le parc des salles indépendantes. L’AFCAE ajoute qu’il est capital de soutenir le parc des salles jusqu’à la plus petite échelle, notamment en leur permettant de suivre les mutations technologiques afin que ne s’instaure une différence de niveau technique entre les salles purement privées et des salles plus petites qui apparaîtraient alors comme des “salles pauvres”. C’est à cette condition que les jeunes continueront de les fréquenter.
L’objet du travail de la FNCC, souligne Frédéric Hocquard, est précisément de valoriser les salles de proximité dans leur rôle essentiel pour la diversité, au bénéfice de la création et la sociabilité, et surtout qu’elles n’apparaissent pas comme des ghettos.
Question sur le Pass culture. L’AFCAE précise qu’il y a les deux Pass, individuel et collectif. Le premier a un effet quasi nul alors que le second contribue fortement au travail avec les scolaires. Cela étant, on constate un glissement des dispositifs d’éducation à l’image (Collégiens au cinéma, Lycées au cinéma…) déjà forts d’une longue expérience et empreints d’une réelle exigence, notamment dans le processus du choix des films. Avec ses moyens financiers importants, le Pass collectif tend à phagocyter les dispositifs “classiques”.
Pour Florian Salazar-Martin, il faut trouver un nouveau modèle économique pour les dispositifs d’éducation à l’image et, dans le même temps, redéfinir ce que doit être une salle de cinéma ainsi que la manière d’aider les exploitants. Il importe en effet, insiste le président de la FNCC, de soulever cet effet de concurrence du Pass culture sur les dispositifs d’éducation à l’image.