Le président du Pass culture, Sébastien Cavalier, a présenté à la FNCC le nouveau dispositif en insistant sur l’importance d’une coopération avec les collectivités. La délégation de la Fédération était composée de son président Frédéric Hocquard, du trésorier Grégoire Pénavaire, des vice-présidents Jane-Marie Hermann, Isabelle Vincent et Florian Salazar-Martin ainsi que de deux membres du Bureau, Emmanuelle de Crépy et Didier Gerardo.
Le dispositif du Pass culture a évolué par rapport à sa version initiale. En janvier, il a été ouvert aux 15-17 ans, essentiellement pour un emploi collectif, avec une possibilité de financement direct pour des initiatives culturelles accompagnées par les enseignants.
Quelques chiffres sur son succès auprès des jeunes : 500 000 jeunes de 15 à 17 ans inscrits et un million de 18-19 ans, avec en perspective fin 2022, une inscription qui devrait atteindre entre 3,5 et 4 millions de jeunes.
Plutôt que d’entrer dans le détail du fonctionnement de l’application, le président du Pass culture en a développé les diverses fonctions :
- un outil mis au service de l’ambition du “100% EAC” via sa part collective avec, selon le nombre d’élèves, un crédit autour de 800€ par classe,
- un outil de partenariat territorial pour la mise en œuvre d’initiatives spécifiques ou d’événements particuliers,
- un outil d’analyse sociologique des publics jeunes sur un territoire grâce à la transmission de données aux collectivités qui en feraient la demande – des indications qui pourront enrichir la réflexion sur les choix et stratégies des politiques culturelles locales,
- un répertoire de la ressource culturelle disponible en proximité, avec une plus grande inclusion des offres gratuites, notamment des bibliothèques, pour l’heure encore largement absentes de la base de données consultables sur le Pass.
Perspectives de progression. Sébastien Cavalier note que l’un des reproches récurrents fait au Pass culture consiste à relever son absence de prise en compte des transports. Une réflexion est en cours concernant sa part collective, avec l’éventualité d’offres couplant la proposition culturelle à des possibilité de transports. Parmi les autres améliorations envisagées, accroître l’accès au Pass des jeunes apprentis, aux jeunes en BTS ou CAP, aux chômeurs…
L’équipe du Pass culture travaille aussi à compléter son offre en répertoriant les structures dont l’activité joint à la culture d’autres dimensions, par exemple les tiers-lieux ou les centres sociaux culturels. Un point sur lequel elle souhaite travailler étroitement avec les collectivités, car leur connaissance du territoire les rend plus aptes à identifier des ressources qui échappent au ministère de la Culture. Elle compte également sur les élu.e.s pour inciter les bibliothèques et les musées à inscrire leur offre sur l’application.
Enfin – et là aussi le lien avec les collectivités s’avèrera décisif –, l’équipe souhaite transmettre aux jeunes inscrits sur le Pass culture une image de “VIP”, en leur réservant des offres spécifiques, voire prestigieuses, comme à Nancy, où l’application proposait, en plus d’ un spectacle, une visite de l’Opéra ou pour la panthéonisation de Joséphine Baker à laquelle une centaine de jeunes ont pu participer.
Echanges avec les élu.e.s. Grégoire Pénavaire pose la question de la fracture numérique – une problématique qui dépasse la compétence du Pass culture mais à laquelle la participation des bibliothèques peut contribuer à donner une solution partielle. Pour Isabelle Vincent, il importerait de disposer de données géographiques précises pour identifier les territoires où le Pass se développe le mieux. Sur ce point – mais il est encore trop tôt pour mesurer l’adhésion à la part collective du Pass –, les premières estimations montrent une certaine homogénéité en France métropolitaine.
Adapter les logiques du Pass et des politiques locales. Le président de la FNCC, pour sa part, s’interroge sur l’efficacité politique du Pass culture. Comment articuler, comment faire converger la logique “micro” (en proximité) propre aux politiques culturelles des collectivités avec celle d’un outil “macro” ? Par exemple, pour favoriser le retour des publics jeunes dans les salles de spectacle après le moment de la pandémie… Ici, le principe central du Pass culture – inciter à la curiosité, à la rencontre physique avec les acteurs de la culture et à la fréquentation des lieux (la commande en ligne de biens culturels n’est pas finançable par l’application) – pourra avoir un impact positif. Le cas des librairies a d’ores et déjà été un succès. Par ailleurs, un tel projet pourra bénéficier de l’effort en cours pour toucher des jeunes “hors système”, soit environ 300 000 personnes.
Frédéric Hocquard convient qu’un temps d’adaptation sera nécessaire, car les collectivités ont l’habitude de travailler avec les DRAC et non avec des structures développant une approche supra-territoriale. La même difficulté se pose, par exemple, pour le Centre national de la musique. Cette nouvelle manière de travailler reste à construire ; elle constitue le véritable enjeu du Pass culture.
En réponse, Sébastien Cavalier indique que son équipe est aussi composée de chargés de territoires, travaillant habituellement au sein des DRAC. Ce sont les premiers interlocuteurs des élu.e.s. Leurs coordonnées seront communiquées
Pour Florian Salazar-Martin, qui note avec satisfaction que la nouvelle version du Pass culture présente une évolution significative par rapport à la première, plus consumériste et peu attentive aux territoires. Plusieurs dimensions lui en apparaissent particulièrement intéressantes :
- la possibilité de mettre le Pass au service d’expérimentations singulières, dans un esprit de “cousu main”,
- la perspective de compléter l’offre payante par des offres gratuites, ce qui enrichira considérablement l’application,
- la fonction d’outil de sociologue des publics jeunes.
Ces apports, qui font du Pass un outil véritablement politique, mériteraient la mise en place de formations à destination des élu.e.s. Une idée que reprend l’équipe du Pass culture.
Plus immédiatement, Frédéric Hocquard et Isabelle Vincent engagent l’équipe du Pass à transmettre aux collectivités les données dont elle dispose déjà, territoire par territoire. Car le nœud du problème est là : comment le Pass se décline-t-il localement ?